La libération de Moon sur Elle par la 29e D.I. américaine en juin 1944

La libération de Moon sur Elle par la 29e D.I. américaine en juin 1944

7 avril 2022 0 Par Gilbert LIEUREY

la 29e Division d’Infanterie.

Lors du 70ième  anniversaire des combats de juin 1944, des cérémonies furent organisées sur le territoire du secteur de Saint-Clair-sur-Elle pour honorer la mémoire et le sacrifice des GI’s américains qui ont libéré  la France. Au cours de la cérémonie du 5 juin 2014, vétérans américains de la 29ème DI,  élus et habitants du secteur, écoliers et collégiens de Moon et SaintClair se sont recueillis à la stèle du carrefour de Saint-Clair sur Elle. Morley Piper du 115ème Régiment de la 29ème DI prononça le discours d’ouverture de la cérémonie.

Fiche: résumé de l’article

La libération de Moon à partir du 9 juin 1944

Après avoir investi Isigny, le 175e régiment de la 29 e Division d’Infanterie avec le 1er, puis le 3e bataillon, arriva à Moon-sur-Elle vers la fin de l’après-midi du vendredi 9 juin. Elle se positionna sur la rive nord de l’Elle. Quant au 115e régiment, il n’arriva sur Sainte-Marguerite d’Elle que le samedi matin, après que leur bivouac fut fortement éprouvé dans la nuit, à Cartigny-L’Epinay.

La 29e D.I., la »Blue and Gray Division », était originaire du Maryland et de la Virginie. Le 175e régiment, commandé par le colonel Goode, débarqua le lendemain du 6 juin à Omaha-Beach, avec pour mission la prise d’Isigny et de la Vire pour faire la jonction avec l’armée américaine débarquée à Utah Beach. Les 115e et 116e régiments de la 29e DI qui avaient débarqué le 6 juin à Omaha avaient été fortement décimés la veille.

La bataille de l’Elle des 12 et 13 juin 1944

Le général Gerhardt, commandant de la 29e DI, se donna un répit de 2 jours, pour renforcer ses positions sur le flanc nord de l’Elle. Pendant ce temps, le général allemand Kraiss avait ordonné à ses troupes, la 352e division de se replier sur l’Elle, pour barrer la route de Saint-Lô, et bénéficier de renforts, dont les premiers éléments arrivèrent le dimanche après-midi 11 juin.

La bataille de l’Elle commença par un échec le lundi 12 juin au Pont de la Pierre ainsi qu’au Moulin Lévêque sur Saint-Jean de Savigny. Quant au 175e régiment, il restait sur Moon pour protéger le flanc droit. Ce ne fut que dans la nuit du mardi 13 au mercredi 14 juin que le bourg de Saint-Clair fut libéré. Un mur du souvenir sur Saint-de-Savigny rappelle aujourd’hui le sacrifice de ces soldats américains.

La bataille des Haies, la route sanglante vers Saint-Lô

Afin de prendre le carrefour Saint-Clair et la route de Saint-Lô , une nouvelle offensive en tenaille fut lancée les vendredi 16 et samedi 17 juin. Sur le flanc ouest, le 175e régiment partit de l’église de Moon pour aller vers la Chapelle du Mesnil-Vitey et avança très rapidement jusqu’à La Meauffe, libérant le reste de la commune de Moon. mais sur le flanc est, les 115e puis 116e se heurtèrent à une forte résistance sur Couvains. S’engagea alors la bataille de Saint-Lô, une terrible bataille dite des Haies, pour la 29e DI. Saint-Lô était un objectif pour le 18 juin, elle ne fut libérée que le 18 juillet. La 29e DI très éprouvée, put prendre enfin ses quartiers de repos sur Saint-Clair, pendant 8 jours après le 20 juillet. Elle fut relevée par la 35e DI, dont l’un des camps arrières avait été établi à Moon entre le 7 et le 14 juillet 1944.

Article

9  juin 1944 les premiers soldats américains à Moon,

Vendredi 9 juin, en fin d’après-midi  vers 16h 30, 3 jours après le Débarquement, les premiers soldats américains venant de Lison par la route du Haut-Chêne remontaient la Fotelaie, et arrivèrent jusqu’au château de Moon. Les éléments avancés du 3e Bataillon bivouaquèrent pour la nuit près du pont et sur la rive nord de l’Elle. Ils n’étaient plus qu’à 13 km de Saint-Lô, mais la ville ne fut libérée que … 6 semaines plus tard, le 18 juillet.

3 jours auparavant, dans l’après-midi du 6 juin, jour du Débarquement, un avion américain avait été touché par la Flak allemande et s’était écrasé dans le champ au pied de l’Eglise et du Château. La gare de Lison était un nœud ferroviaire qu’il fallait neutraliser. Déjà depuis le printemps 1944, les raids des chasseurs alliés s’étaient multipliés et les mitraillages s’étaient intensifiés. A la fin du mois de mai ce furent les premiers bombardements, et le 6 juin, dès 7h 30, la gare fut à nouveau mitraillée réduisant la Flac allemande au silence le 7 juin. Le Quartier de la Gare entre l’ancienne boucherie et la boulangerie jusqu’à la rue du marais était détruit.

Ce fut au cours d‘une de ces missions que l’avion de William Mac Gowan fut touché et abattu. En souvenir du pilote Mac Gowan, une plaque d’hommage fut apposée au monument aux morts de Moon en 1950, puis en 2011, en présence de la famille, une stèle a été érigée près du parking de l’Eglise. 

 Au petit matin de ce vendredi 9 juin, le 175e régiment de la 29e Divison d’Infanterie avait investi Isigny en ruines.  La route ouverte vers Saint-Lô, le 175e Régiment avec le 3e Bataillon, suivi du 1er Bataillon, avait réussi une avance-éclair de 13 km au sud d’Isigny pour atteindre Moon sur Elle en soirée. Le 2e Bataillon, quant à lui,  avançait sur le flanc droit, entre la route principale et la Vire, mais il fut accroché et retardé à Neuilly la Forêt. Pendant ce temps, la compagnie K traversa la Vire à Auville-le-Vey  pour assurer la jonction avec les unités américaines qui avaient débarqué à Utah Beach. Le lendemain, samedi 10 juin, la 29e Division d’Infanterie installa ses forces sur la rive droite de l’Elle libérant ainsi toute la partie de Moon située au nord de l’Elle. 

Vue sur la vallée de l’Elle, le village de la Croix de Moon et des
Ecoles où le 3ème bataillon du
175ème  Régiment de la 29e DI prit position au soir du 9 juin 1944

3 tanks et canons étaient positionnés à l’école, au pont de l’Elle et au carrefour de l’Eglise, pointés vers Saint-Lô et le chemin de la Castellerie. Le samedi ou le dimanche matin selon les témoins, une jeep qui accompagnait une patrouille américaine et qui s’était avancée sur la route de Saint-Lô à partir de Moon, fut détruite par un char ou un canon allemand posté au carrefour de Saint-Clair. Le bilan fut un mort et un blessé grave.

De son côté, le 115e Régiment parvenait sur le secteur de Sainte Marguerite d’Elle ce samedi, mais fortement éprouvé par la nuit. Après une marche longue de plus de 15 heures à travers les marais inondés de l’Aure, le 2e Bataillon bivouaqua dans la nuit du vendredi au samedi dans les champs du Carrefour de la Vigne au Gendre sur la commune de Cartigny. Epuisés, les soldats ne creusèrent pas leur trou réglementaire pour dormir.  En pleine nuit, ils furent surpris par une unité allemande qui se repliait vers l’Elle. Le bilan de l’attaque fut terrible, 50 GI’s avaient été tués et une centaine furent blessés ou prisonniers.  

La 29e Division d’Infanterie : la Blue and Gray Division

Elle avait embarqué à New York à bord des paquebots Queen Mary et Queen Elizabeth le 27 septembre 1942 pour rejoindre Glasgow. Acheminés vers le sud de l’Angleterre, les régiments de la 29e Division s’entraînèrent dans les Cornouailles et sur les plages du Devon, préparant des exercices de débarquement. Les soldats étaient de jeunes recrues, le service militaire obligatoire avait été institué en septembre 1940,  et la 29e DI  n’avait pas encore  connu le baptême du feu à la différence des soldats d’autres divisions qui avaient participé aux combats d’Afrique du Nord ou d’Italie en 1943-44 comme ceux de la 1ère Division d’Infanterie.

Ces recrues venaient des états du Maryland et de Virginie, c’est-à-dire  la région de Baltimore – Washington sur la côte Est des Etats-Unis. Leur insigne  circulaire,  de couleur bleue et grise, portée à l’épaule gauche, symbolisait l’unité retrouvée entre les Sudistes, l’état de Virginie, et les Nordistes, l’état du Maryland, qui s’étaient affrontés durant la guerre civile américaine  dite guerre de Sécession en 1861/65.

Le cri de la division était « 29 th let’s go ! » soit « la 29e en avant ! »
le général Gerhardt

La 29e DI sous le commandement du général Gerhardt depuis la fin de juillet 1943 alignait 14 500 hommes, soit les 3 Régiments d’infanterie (un régiment était constitué d’environ 3 100 hommes): les 115e  – 116e – 175e, chacun divisé en 3 bataillons, auxquels s’ajoutaient des groupes d’artillerie en appui avec les 110e – 111e – 224e Field Artillery Batalion. Ces derniers étaient dotés chacun de 2 avions légers Piper Cub,  dits avions mouchards ou coucous, afin d’observer les positions ennemies sur le front et d’informer ainsi les groupes d’artillerie.

Le Débarquement du 6 juin 1944 : Omaha Beach la sanglante

Sur les 5 plages du Débarquement en Normandie, 2 étaient affectées aux divisions américaines : celle de Sainte Marie du Mont dite Utah Beach et celle de Vierville – SaintLaurent codée Omaha Beach. La 29e DI avec le 116e Régiment d’Infanterie et la 1ère DI, qui avait combattu en Sicile,  firent partie de la première vague. 

Ils débarquèrent le 6 juin  à 6h 30, mais les défenses allemandes sur Omaha n’avaient pas été détruites par les bombardements qui avaient raté leurs cibles.  Le 116e Régiment balayé par les rafales allemandes fut bloqué sur la plage de Vierville, impossible de quitter la plage alors que la mer remontait. La Compagnie A fut totalement décimée. Le général Cota, un meneur d’hommes, l’adjoint de Gerhardt, parvint avec quelques groupes à monter la falaise et prendre à revers les points d’appui allemands vers du 9 heures du matin. 

Quant au 115e régiment, il débarqua avec la deuxième vague à 10 heures du matin avec pour objectif le village de Saint-Laurent qui fut atteint seulement vers 19 heures. Plus de 2 000 soldats américains perdirent la vie ce jour du 6 juin à Omaha Beach.

La tête de plage fut consolidée entre le 7 et 9 juin. 

-le 116e  était à Grandcamp après avoir délivré les Rangers bloqués à la pointe du Hoc,

-le 115e régiment était à Longueville sur les bords des marais de l’Aure,

-le 175e, le Régiment qui libéra Moon sur Elle, commandé par le colonel Goode, débarqua seulement le 7 juin à midi. Il vit le terrible spectacle. Sa mission fut de prendre Isigny et la Vire, d’en contrôler les ponts et d’assurer la jonction avec les troupes américaines débarquées à Utah Beach. Ils prirent le contrôle d’Isigny dans la nuit du 8 au 9 juin.

Le repli allemand sur la rive sud de l’Elle les 10 – 11 juin

La bataille des Plages perdue,  Le général Kraiss  ordonna le vendredi 9 juin la retraite de ses unités dispersées et affaiblies vers la vallée de l’Elle.  La 352e division allemande n’avait plus que 2 500 hommes sur les 7 500 hommes ; son espoir était de barrer la route de Saint-Lô, dans l’attente de renforts venant de Bretagne. Les premiers bataillons, des unités de parachutistes allemands, ne commencèrent qu’à arriver le dimanche 11 juin après-midi sur l’Elle.

Vue sur le flanc sud de l’Elle, près de la ferme de la Castellerie, rive  où se replièrent les Allemands les 10 – 11 juin après la perte de la bataille des Plages

Quant à la 29e DI, elle se donna du répit les 10 et 11 juin, afin de consolider ses positions sur le flanc nord, de renforcer son artillerie et de préparer l’attaque de la vallée de l’Elle. 

Sans le savoir, le général Gerhardt laissa ainsi un répit aux Allemands pour se réorganiser et bénéficier des premiers renforts. Les positions allemandes  furent renforcées en profondeur sur le flanc sud de la vallée, les soldats bien camouflés dans les haies épaisses et le petit bois creusèrent des trous individuels, des tranchées. Des mitrailleuses, des mortiers et des canons anti-chars étaient dissimulés sur la rive boisée de l’Elle. La ferme au Pont de la Pierre  transformée en camp de retranchement fortifié constituait un bastion et des soldats se postèrent sous les arches du pont de la Pierre ainsi qu’au pont de la Castellerie.

Ce samedi 10 juin, le front coupait désormais la commune de Moon sur Elle en deux.

Ce fut dans ce contexte que la jeune Simone Voisin, une jeune cherbourgeoise réfugiée chez Madame Vasse âgée de 12 ans, fut tuée à la Castellerie par une balle allemande en allant chercher du lait dans la vallée, les Allemands étant positionnés en face sur la rive sud.

Ce même jour, au village La Couture, secteur contrôlé par les Allemands, Yvonne Marie, habitante de Moon âgée de 35 ans, fut tuée à son domicile par une balle tirée par une patrouille allemande.

Au matin de ce samedi, Monsieur Charpentier, retraité cheminot et adjoint au maire était monté dans son champ situé derrière sa maison non loin de l’école, quand sa  femme entendit une explosion. Monsieur Charpentier fut tué par la déflagration d’une grenade qu’il avait ramassée semble-t-il. Etait-ce une grenade piégée et abandonnée par les Allemands ?

La bataille de l’Elle, lundi 12 et mardi 13 juin. 

L’attaque américaine, fixée au lundi 12 juin portait non sur le territoire de la commune mais à l’est de celle-ci. L’objectif assigné pour la 29e DI était de s’emparer de Saint-Clair sur Elle, puis de  Couvains par le Pont de la Pierre avec le 1er Bataillon du 115e Régiment et de s’emparer de Saint-Jean de Savigny par le pont du Moulin l’Evêque avec le 3e Bataillon du 115e Régiment. 

Le 175e Régiment avec les 1e et 3e Bataillons sur Moon, restait en appui et devait également assurer la défense du flanc droit américain. Quant au 2e Bataillon du 175e positionné sur Lison – Neuilly, quelques unités traversèrent la Vire le lundi 12 juin pour en contrôler la rive ouest, mais la mission  échoua devant Montmartin-en-Graignes.  L’opération tourna au fiasco, le colonel Goode chef du 175e Régiment fut fait prisonnier et les survivants repassèrent la Vire le mardi 13 juin.   La rive Ouest de la Vire restait aux mains des Allemands. Le groupe allemand Heyna endigua encore le 15 juin  les efforts du 2e Bataillon, de Moon vers Airel, qui cherchait à franchir l’Elle des 2 côtés de la route Bayeux – Airel. Saint-Fromond ne fut libéré que le 7 juillet.

Malgré la préparation d’artillerie le dimanche 11 juin et dans la nuit du 11 au 12 juin, qui avait pour cible la rive sud de l’Elle, la ferme de la Motte et le bourg de Saint Clair,  l’attaque au petit matin au Pont de la Pierre échoua face à la concentration des tirs allemands. Les Américains perdirent une centaine d’hommes dont 25 morts et durent se replier.

Le Pont de la Pierre et la ferme qui servit de camp fortifié pour les  Allemands.
 A l’arrière-plan de la vallée, les hauteurs de Sainte-Marguerite où la 29e DI prit position le 10 juin 1944

Cet échec mit en difficulté le 3e Bataillon qui avait percé au Moulin l’Evêque et progressé sur plus de 2 kilomètres. Leur flanc droit n’étant plus couvert, ils furent pratiquement encerclés près du village des Fresnes sur Saint-Clair. Le repli fut difficile, le soir on compta 66 morts et 138 blessés.

Le général Gerhardt ordonna alors au 116e Régiment, qui était en réserve sur SainteMarguerite, de contre-attaquer à 19h 30, surprenant ainsi les Allemands. Le 116e parvint à percer, le 2e Bataillon arriva dans Saint Clair à minuit par la route de Saint Jean de Savigny pendant que les 1e et 3e Bataillons du 116e  s’installèrent à la ferme du Mesnil pour la nuit. Dans la matinée du mardi 13 le 1e Bataillon s’empara du bourg de Couvains. 

Aujourd’hui un mur du Souvenir construit en 1997 à Jean de Savigny sur la route de Saint-Clair   honore ces combattants américains et leur sacrifice. Les Allemands qui avaient défendu le Pont de la Pierre remontèrent alors par le vallon de la Fontaine Saint-Clair pour se replier dans la rue de la Rousserie, située sur Moon et Saint-Clair ainsi qu’à la ferme de la Motte au petit matin du mardi 13 juin, les Américains étant parvenus au bourg de Saint-Clair. Les forces allemandes contrôlaient encore le carrefour des Landes sur Moon empêchant toute tentative de percée des Américains sur la route d’Airel. Mais un  peu

plus tard, les Allemands se replièrent vers le carrefour de Saint-Clair et le hameau de Villeneuve à Moon (haras d’Elle aujourd’hui), afin de tenir l’axe de Saint-Lô, mais abandonnant  la ferme de la Motte aux Américains.

L’offensive des 16 et 17 juin et la libération de Moon au sud de l’Elle.

Afin de prendre le carrefour de Saint-Clair et l’axe menant à Saint-Lô, le général Gerhardt décida d’attaquer cet axe par une tenaille, avec d’une part sur le flanc ouest, à Moon et Airel,  le 175e Régiment  et avec d’autre part sur le flanc est, à Saint-Clair et Couvains, le 116e Régiment appuyé par le 115e en réserve.

Sur l’aile droite, le 175e Régiment progressa rapidement. Perçant les minces défenses à Moon sur Elle, le 1e Bataillon suivi du 2e Bataillon gagnèrent près de 5 kilomètres parvenant aux limites de Villiers-Fossard et du Mesnil-Rouxelin et libérant ainsi le sud de Moon. 

En remontant la route, la D 91, depuis l’Eglise et le Calvaire, les Américains avaient mitraillé de chaque côté jusqu’à Villeneuve (haras d’Elle). Des Allemands postés dans le petit chemin sur la droite, après la ferme,  qui menait à la vallée, furent tués. La route de la Meauffe à SaintClair fut coupée par les Américains, d’ailleurs des combats eurent lieu à proximité, à la Chapelle du Mesnil-Vitey, la ferme détruite brûlait. 

Le Mesnil-Vitey
La chapelle et les communs de la ferme encore en place.
La maison, au fond et  à gauche, reconstruite après la guerre.

Quant au 3e Bataillon sur Airel, il rejeta le groupe Heyna  sur la rive ouest de la Vire, l’Elle franchie,  les Américains avancèrent rapidement, atteignant le bourg de la Meauffe le 17 juin.

Par contre sur le flanc gauche, les 116e et 115e Régiments se retrouvèrent en difficulté aux  Foulons et La Hunière sur Saint Clair. La progression  fut plus lente et coûteuse en hommes.

Enfin, le carrefour de Saint-Clair put être pris le samedi 17 juin par les soldats américains grâce à l’appui des chars. Les Allemands qui avaient perdu au moins 60 soldats, se replièrent vers Villiers-Fossard. Aujourd’hui une stèle a été érigée au carrefour Saint-Clair pour ne pas oublier cette bataille, 4 jours de rudes combats, et la libération.

Mur du souvenir à Saint-Jean de Savigny à la ferme du Mesnil
Stèle  au  carrefour
Saint-Clair sur Elle

La bataille des Haies, de lourdes pertes pour la 29e DI

Tout près de Saint-Lô, la 29e DI ne parvint pas à atteindre l’objectif espéré pour le dimanche 18 juin. Appuyés par des renforts arrivés de Bretagne, notamment avec le groupe de combat Boehm, les soldats allemands lancèrent la contre-attaque pour reprendre la côte 108 sur Villiers. Les combats étaient si rapprochés que c’était l’enfer. 

Le 175e résista, il parvint à briser la contre-attaque mais les positions ne bougèrent plus,

Villiers constituait un saillant allemand dans les lignes américaines. La côte 108 fut appelée la « Purple Heart Hill »  (la colline de la médaille des blessés). Le 1er Bataillon,   qui  était arrivé à Moon le vendredi 9 juin en soirée, perdit 250 hommes sur cette colline, soit 40% de son effectif d’avant la bataille. Le Lt-colonel Alexander George nouveau chef du 175e régiment depuis le 13 juin, blessé dut être  évacué.

Il fallut encore un mois pour parcourir les derniers kilomètres et libérer Saint-Lô, le 18 juillet. L’offensive sur le secteur avait été stoppée. La priorité pour l’Etat-major américain étant désormais la prise du port de Cherbourg. D’autre part la physionomie des combats changeait. La guerre de mouvement qui empruntait  les routes se transformait en une guerre de position, dite la guerre des Haies.

 Chaque haie avec son talus constituait des défenses que les Allemands savaient exploiter. Il fallait prendre champ après champ, les chars, avant l’invention fin juin de béliers pour défoncer les talus, ne pouvaient pas apporter leur appui aux fantassins américains. De nombreux soldats épuisés devenaient très nerveux, traumatisés et effrayés par les combats et les lourdes pertes. Face à ces sacrifices, le 115e Régiment fut choisi en 1945 pour l’attribution d’une distinction collective, la Distinguished Unit Citation.

Moon sur Elle, une des bases arrière du front 

Pendant cette bataille des Haies, Moon, désormais éloigné des combats, servait de base arrière pour alimenter le front. Les renforts s’installaient dans les champs : hommes, chars, GMC, half-tracks, munitions, appareils de traitement et réserves d’eau… Des canons d’artillerie étaient positionnés, des fils téléphoniques étaient déroulés partout. Ainsi les éléments de la 35e DI établirent leur camp à la Fotelaie du 7 au 14 juillet. 

Dans les Travers, champs en pente près de l’Eglise, un petit terrain d’aviation avait été aménagé pour les avions mouchards et au bas des champs, le long du chemin menant aux Tuileries, les arbres, des ormes, avaient été dynamités. Lors des retours des Piper Cub, le bruit des tirs d’artillerie commençait immanquablement à se faire entendre.

La gare de Lison reprit le service le 21 juin, cette fois-ci sous le contrôle américain. Les quais étaient criblés d’éclats, les voies coupées étaient en plusieurs endroits et encombrées par les wagons démolis. Pour remettre le tout en état, il fallait d’importants moyens que seuls les Américains pouvaient disposer. Le 720e Bataillon de cheminots US fut acheminé d’OmahaBeach et s’installa le 16 juillet à la gare de Lison. Ils travaillèrent avec les cheminots français et le premier convoi de marchandises circula le 4 août entre Lison et Cherbourg.

Gare de Lison, été 1944, passage du 1er « train hôpital » américain de France, image exposée au quartier de la Gare lors du 70ème anniversaire de la Libération en 2014.
Voir aussi la vidéo sur Internet (durée 1 mn 08) en tapant : « 20 juillet : le nœud ferroviaire de Lison – video Ina.fr »

Le18 juillet, Saint-Lô libéré par la 29e DI

La 29e DI entra dans Saint-Lô par la Madeleine et la Planche du Bois ainsi que par la route d’Isigny, la ville n’était qu’un champ de ruines. Le 20 juillet la 29e DI fut relevée par la 35e DI et prit enfin ses quartiers de repos sur Saint-Clair sur Elle pour 8 jours.

A la suite de l‘opération Cobra et la percée des blindés de Patton, la 29e DI remonta au front le 28 juillet et participa à une guerre de mouvement en filant sur Vire puis Tinchebray. Accrochée sur Villebaudon puis à Percy , la 29e DI entra dans Vire le 7 août et libéra la ville.

Au retour de la mission Cobra, un avion américain largua ses dernières bombes mais l’une tomba sur le village des Tuileries et tua Clémence Lambert, la femme du directeur de la tuilerie, ainsi que Hyacinthe Robiolle, du Canivet, briquetier. C’était le 26 juillet 1944.

Les Alliés victorieux dans la Bataille de Normandie, la 29e DI quitta alors la Normandie pour la Bretagne le 22 août, son objectif réduire et prendre la poche de Brest.

                                                                                    Gilbert Lieurey, 2014

Sources : 

  • La 29e Division américaine en Normandie de Joseph Balkoski (Histoire et Collections)
  • Témoignages d’habitants lors du 60e anniversaire (voir article sur la Libération de Moon, Gilbert Lieurey)
  • Article sur le pilote Mac Gowan (article Gilbert Lieurey)
  • Rails et Haies de Marcel Levéel « 19 ans en 44 » (édition Eurocibles 2004)       La libération de Saint-Clair : témoignages d’habitants lors du 40e anniversaire. 
  • 44 jours en 1944 pour libérer Saint-Lô de Maurice Lantier.
  • Photos Gilbert Lieurey