Une stèle a été érigée cet été 2011 en mémoire de William McGowan, aviateur américain abattu le 6 juin 1944

Une stèle a été érigée cet été 2011 en mémoire de William McGowan, aviateur américain abattu le 6 juin 1944

8 avril 2022 0 Par Gilbert LIEUREY

Fiche: résumé de l’article

Une stèle en mémoire de William McGowan, le vendredi 22 juillet 2011.

Soixante-sept ans après le drame, sa famille, dont son neveu Paul Stouffer, est venue inaugurer la stèle à la mémoire de William McGowan. En 2010 des fouilles avaient permis d’identifier avec certitude l’avion de Mc Gowan. Les parents de McGowan étaient venus en 1953 à Moon sur Elle, avec leur fille Marie Jo, pour se recueillir. Seule, une plaque sur le monument aux morts de Moon rappelait l’événement, plaque posée en 1950.

Il rejoignit l’US Army en février 1943

Le mardi 6 juin 1944, jour du débarquement des Alliés sur les plages de Normandie, un avion américain qui venait de mitrailler la gare de Lison, s’écrasa vers 5 heures de l’après-midi, près de l’église, touché à l’arrière par la Flak allemande. L’avion brûla et faute de corps pour identifier avec certitude le pilote, ce dernier fut porté disparu en mission par l’Armée américaine.

William McGowan avait 23 ans en juin 1944. Né en juillet 1920 à Benson dans le Minnesota, il avait suivi des études de journalisme à l’université du Missouri. Après ses études, William travailla pour un journal, puis rejoignit l’US Army en février 1943, avant de gagner l’Angleterre.

 Il fallut attendre de nouvelles fouilles en 2018 pour trouver des restes du corps, qui ont permis une identification officielle du lieutenant McGowan. Désormais, depuis le 9 juillet 2022, il repose au milieu de ses compagnons d’armes, au cimetière américain de Colleville-sur-mer.

Article

Mardi 6 juin 1944, jour du débarquement des Alliés sur les plages de Normandie, un avion américain qui venait de mitrailler la gare de Lison, s’écrasa vers 5 heures de l’après-midi, près de l’église. Monsieur Pierre Labbé, habitant de Moon, Chemin du Taillis, l’a vu touché à l’arrière par la Flak allemande, qui avait tiré depuis les champs de la ferme Pézeril, près de la gare. L’avion qui était à environ 500 pieds, soit 150 mètres d’altitude, tenta de faire un virage pour remonter sûrement à 1000 pieds mais il piqua au sol. Monsieur Alexandre Lecanu, autre habitant de Moon, pensa que l’avion, touché, venait droit sur la ferme de ses parents, située à La Lande.

En 1953 une pale sortait encore du sol

L’avion s’écrasa dans le champ de Monsieur Bouillet situé près du château, au-dessous du cimetière de Moon, le moteur enfoncé dans le sol. L’avion brûla et se consuma pendant 24 heures. Les Allemands sont venus avec un sidecar et ont empêché les habitants d’approcher. Monsieur Bouillet, propriétaire du champ a mis quelques restes carbonisés, selon ses dires, dans une boite préparée par le menuisier Monsieur Lemieux et enterra le tout, près de l’avion. En 1953 une pale de l’hélice sortait encore du sol.

Les plaques d’identification, IDD, furent récupérées et remises aux troupes américaines lors de la libération de Moon. Ces dernières avaient atteint le pont sur l’Elle le vendredi soir 9 juin. L’aviateur était un américain, le lieutenant William McGowan. En 1950, le 9 novembre, fut apposée une plaque au nom de McGowan, sur le monument aux morts de Moon, en présence notamment du conseil municipal, de Monsieur Pierre Marguerite adjoint, du sous-préfet de Coutances et du capitaine américain Melvin.

La plaque en hommage au pilote McGowan ( le prénom était William (Wm), pourquoi John (Jn) ?)
 
inaugurée le 29 novembre 1950 sur le monument aux morts du cimetière, en présence du capitaine américain Allison Melvin qui représentait l’aviation U.S
les parents du Lt McGowan devant la plaque, au monument aux morts de Moon-sur-Elle en 1953

Une stèle en mémoire de William McGowan, le vendredi 22 juillet 2011

Soixante-sept ans plus tard après le drame, sa famille est venue se recueillir sur le lieu du crash et inaugurer une stèle en mémoire de William McGowan. Cette cérémonie fut organisée le vendredi 22 juillet 2011, en présence de Madame le maire, des élus et des Anciens combattants et de la famille. Les parents de McGowan étaient venus en 1953 à Moon sur Elle avec leur fille Marie Jo. Quant à Paul Stouffer, le fils de Marie Jo, neveu de l’aviateur, directeur exécutif au ranch, le Crazy Mountain, dans la Shields Valley (Montana), il était venu une première fois en 1993.

Photo Ouest-France

Paul Stouffer avec sa femme Susan et leurs enfants Julia et Dillon le 22 juillet 2011

Paul Stouffer en 1993 devant le monument aux morts de Moon-sur-Elle

Il rejoignit l’US Army en février 1943

William McGowan avait 23 ans en juin 1944. Né en juillet 1920 à Benson dans le Minnesota, il avait suivi des études de journalisme à l’université du Missouri. Son père Joé était également journaliste. William avait 2 sœurs, Marie Jo et Patricia.

Après ses études, William travailla pour le journal United Press à Madison puis il rejoignit l’US Army en février 1943. Les Etats-Unis étaient entrés en guerre depuis un peu plus d’un an, c’était en décembre 1941.

Après son instruction comme pilote d’un Thunderbolt P. 47, il rejoignit l’Angleterre avec le 366e Fighter Group au sein du 391e Fighter Squadron. Avant son départ de la base d’entraînement des pilotes en février 1944, il épousa Suzanne Schaefer (décédée en 2020).

Une escadrille en mission de combat se composait de 12 avions, divisée en 3 groupes de 4. La spécificité du Thunderbolt P.47 était celle d’un chasseur bombardier, particulièrement craint lors des attaques par sa vitesse, il atteignait les 700 Km/h. Mi-chasseur, mi-bombardier, il était moins performant en bombardement. Cet avion consommait 700 litres à l’heure et jusqu’à 1100 litres en attaque. Avant le jour du débarquement le lieutenant McGowan avait effectué 4 missions de combat.

Au printemps 1944 les raids de chasseurs et les mitraillages s’intensifiaient

La gare de Lison, nœud ferroviaire, était une gare de triage, c’est à dire qu’à Lison les wagons étaient classés, des trains étaient formés selon des destinations déterminées. Pendant l’occupation, les Allemands, nommés les « bahnhof » par les cheminots, ils étaient 5 à la gare et 5 au dépôt de locomotives, surveillaient l’exploitation ferroviaire. Dès l’automne 1941 les installations de la gare et les trains furent l’objet de mitraillages anglais. Aussi en novembre 1941, 3 postes de Flak, défense anti-aérienne, furent installés. Déjà en juin 1943, le mercredi 2 dans l‘après-midi, un aviateur canadien fut abattu. Son avion s’écrasa près de la gare d’Airel. Il fut inhumé à Airel, une messe fut célébrée le samedi 5 juin.

Au printemps 1944 les raids de chasseurs se multipliaient et les mitraillages s’intensifiaient. Les cheminots et les habitants du quartier de la Gare craignaient autant les avions alliés que les tirs de la Flak allemande qui sectionnaient les fils électriques et endommageaient parfois les maisons. A l’approche du débarquement, ce furent les premiers bombardements comme les 23, 24 mai. Le 27 mai le triage et les voies sont touchés. Les habitants du quartier dormaient à la campagne préférant quitter les habitations. Le 3 juin 1944 André Foret de Lison, conducteur de locomotive, et Alexandre Quesnel de Moon, son mécanicien, furent tués au cours du mitraillage de leur train sur la ligne de Carteret près de Saint-Jores.

Peinture de Marcel Levéel « la flak allemande à la gare de Lison »

Ce fut au cours d’une de ces missions

Le 6 juin 1944, jour du débarquement, dès 7h 30 la gare est de nouveau mitraillée. Ce fut au cours d’une de ces missions que l’avion de William McGowan fut touché et abattu dans l’après-midi. Ce fut le Flight Officer Paul Stryker qui fit le récit du crash pour le rapport officiel.

Les « bahnhof » quittèrent la gare dès le 6 juin et la Flak fut réduite au silence le lendemain, dans la matinée du 7 juin. 3 jours après le débarquement, les troupes américaines arrivèrent à Moon le vendredi 9 juin en soirée et se positionnèrent sur les rives de l’Elle. La bataille des Haies commençait, elles mirent 6 semaines pour atteindre Saint-Lô libérée le 18 juillet.

Peinture de Marcel Levéel « le Thunderbolt de McGowan touché par la flak allemande » s’écrasant près de l’église et du château de Moon.
Champ au pied du cimetière où s’écrasa l’avion de McGowan, à l’arrière plan la vallée de l’Elle et la route Saint-Lô – Isigny.

Une identification officielle du pilote en 2019 par les services américains

Les premières fouilles officielles américaines faites en 1947 ne permirent pas de retrouver les pièces carbonisées enterrées en 1944. En 2010 de nouvelles fouilles permirent d’identifier l’avion de William McGowan.

En 2018, une campagne de fouilles fut organisée à nouveau par la DPAA (Defense POW/MIA Accounting Agency), une Agence gouvernementale américaine chargée de retrouver les corps des militaires disparus aux combats depuis la Seconde Guerre mondiale. Des débris de l’avion du Lieutenant McGowan du Corps de l’Armée de l’Air et quelques dents furent retrouvés. A partir de son dossier dentaire, tous les soldats américains passaient des examens dentaires avant de partir en guerre, l’identité de McGowan fut confirmée.

Une inhumation au cimetière militaire de Colleville-sur-mer était prévue le 29 juillet 2020 en présence de la famille mais en raison de la Covid, elle se déroula, deux ans plus tard, le 9 juillet 2022 (voir autre article).

Gilbert Lieurey

Sources :

  • Pionner Press, journal de Saint Paul (Etats-Unis), 1994.
  • Réunion en mairie avec Mr Michel Rainfroy contacté par la famille en 2008, Mrs Pierre Labbé et Alexandre Lecanu témoins.
  • Article Ouest-France du 25 juillet 2011
  • Rails et Haies, livre de Marcel Levéel, 2004
  • « Cronicle » du 5 juin 2019, journal de Bozeman (Bozeman, une ville américaine du Montana).
  • Ouest-France du 22 janvier 2020.