Réfugiés et sinistrés lors de la Libération de Moon-sur-Elle, en été 1944.
Vendredi 9 juin 1944, les premiers soldats américains arrivèrent à Moon-sur-Elle, en fin de journée, et se positionnèrent sur le versant nord de l’Elle. Face à eux, une ligne allemande défensive s’était reconstituée sur le coteau sud de l’Elle. Les habitants de Moon-sur-Elle se trouvèrent pris dans la ligne de front et deux jours plus tard, les lundi 12 et mardi 13 juin, les Américains engagèrent la bataille de l’Elle et percèrent la ligne allemande.
Trois semaines plus tôt, à partir du 24 mai, les bombardements des installations ferroviaires de la gare de Lison avaient provoqué des destructions dans le quartier. Ceux-ci obligèrent les habitants à évacuer leurs habitations et chercher des refuges.
Fiche: résumé de l’article
La mairie de Moon a conservé dans ses archives, tout un ensemble de courriers de réfugiés et sinistrés, datant de l’automne 1944 et du printemps 1945, ainsi que les états des secours d’urgence et allocations journalières pour les familles nécessiteuses réfugiées. Selon ces documents, 324 personnes au moins, soit 125 familles, furent prises dans la tourmente du Débarquement et de la bataille de Normandie sur notre territoire. Si nous y ajoutons les témoignages d’habitants de Moon-sur-Elle recueillis en 2003-04, ces chiffres restent sous-estimés, car bien d’autres noms de familles furent évoqués.
2 vagues de réfugiés et sinistrés
Une première vague de réfugiés et sinistrés, soit plus d’une trentaine de familles de Moon-sur-Elle, quittèrent à partir du 24 mai 1944, le quartier de la Gare soumis aux bombardements. Plus de 80 personnes se réfugièrent dans les fermes ou maisons environnantes.
Une seconde vague de réfugiés avec 60 familles, soit près de 170 personnes, amplifia le mouvement des réfugiés, après le Débarquement du 6 juin 1944. Ce fut notamment entre le jeudi 8 et le lundi 12 juin 1944 avec l’arrivée des Américains sur la commune, le vendredi 9 juin, et la crainte de combats sur l‘Elle que le mouvement s’accéléra. La majorité de cette seconde vague, plus de 140 personnes, se dirigea vers d’autres communes proches, libérées. Cet exode ne dura que quelques jours, voire 2 à 3 semaines. Les réfugiés extérieurs, de Cherbourg, de Saint-Lô, venus à Moon-sur-Elle, furent également rattrapés par la guerre.
L’organisation des secours d’urgence pour les sinistrés et réfugiés
131 personnes, soit 64 familles bénéficièrent officiellement de secours à Moon-sur-Elle, secours d’urgence aux sinistrés, allocations journalières d’assistance aux familles de réfugiés et de sinistrés nécessiteuses. Ces listes furent établies par une commission communale à partir de l’automne 1944 et l’aide va courir de mai 1944 au printemps 1945.
Comment retrouver une vie normale pour les habitants et se préparer à l’hiver ? La vie du quotidien se heurtait à la pénurie : comment réparer les habitations ? Comment se procurer les produits de première nécessité ? Comment se nourrir ? Quant aux sinistres agricoles, si, peu de fermes ont été détruites à Moon, le bétail fut victime des combats et les terres et champs furent détériorés par les campements américains, et labourés par les camions et tanks cantonnés dans les champs. La pénurie de biens élémentaires persista après la guerre. Le rationnement fut maintenu jusqu’en 1949 pour les certains biens comme le pain.
Le 19 novembre 1945, La commune est déclarée sinistrée, et devait bénéficier à ce titre d’un projet partiel de reconstruction et d’aménagement, notamment sur le quartier de la gare.
Article
Sinistrés et réfugiés à Moon-sur-Elle : plus de 300 personnes recensées
La mairie de Moon a conservé dans ses archives, tout un ensemble de courriers datant de l’automne 1944 et du printemps 1945 attestant que telle ou telle famille avait dû fuir son domicile, au moment des combats de 1944 et de la Libération (1). Elle a conservé également la liste des sinistrés qui avaient reçu un secours d’urgence (2) et les listes des réfugiés qui touchèrent une allocation journalière allouée aux réfugiés et sinistrés nécessiteux (3). Ces listes furent établies au cours du second semestre 1944 et du premier trimestre 1945.
Selon ces documents, 324 personnes au moins, soit 125 familles, réfugiées et sinistrées recensées furent prises dans la tourmente du Débarquement et de la bataille de Normandie sur notre territoire. Ces chiffres restent sous-évalués, car tous les réfugiés n’ont pas fait une démarche auprès de la mairie ou ne pouvaient prétendre à une indemnité, soumise à un plafond de revenus. Si nous ajoutons à notre étude, la dizaine de témoignages d’habitants de Moon que nous avions recueillis en 2003-2004 (4), et celui d’Henri Levéel, avec lequel nous avions échangé lors de la publication de son livre en 2004 (5), bien d’autres noms de familles apparaissent encore.
Une première vague de sinistrés réfugiés
A partir du 24 mai 1944, les bombardements des installations ferroviaires de la gare de Lison entraînèrent le départ des habitants du quartier de la Gare entre le 24 mai et le 8 juin 1944. Selon le témoignage d’Edouard Jeanne (4), jeune commis-boucher chez Mme Pelcoq : « Une partie du quartier avait été détruite sur Moon depuis la charcuterie jusqu’à la rue du marais. Aussi la boucherie de Madame Pelcot s’installa à l’épicerie de la Pomme d’Or, chez Madame Yvrande, dès le mois de mai et cela jusqu’à la reconstruction en 1947 ». Simonne Lemière, coiffeuse sur Sainte-Marguerite, consigna dans son carnet (6) ces faits : » cette nuit nous avons été bombardés. 32 maisons sont complétement inhabitables. La gare n’a pas été atteinte et, aussi on s’attend à une nouvelle visite. Alors tout le monde commence à déménager d’auprès de la gare ».
Les bombardements du mercredi 24 mai avaient raté leur objectif : les voies et le dépôt des machines. De nouveaux bombardements eurent lieu à l’approche du Débarquement, le samedi 27 mai et le samedi 3 juin (6) et lors du Débarquement, les 6, 7 et 8 juin. Au cours de ces opérations, le 6 juin dans l’après-midi, la DCA allemande de la gare parvint à abattre un avion américain qui s’écrasa près de l’église de Moon. A son bord, le pilote, le lieutenant MacGowan, fut tué.
Plus d’une trentaine de familles de Moon-sur-Elle sinistrées ou réfugiées dans cette première vague
32 familles, 81 personnes, selon les états dressés par la mairie et les attestations reçues en 1944-45, furent sinistrées ou quittèrent le quartier pour se réfugier dans les fermes ou maisons environnantes, suffisamment éloignées de la gare. Selon un courrier du maire de Moon de septembre 1944 (1), « plusieurs familles avaient abandonné leur domicile et avaient déménagé une partie de leur mobilier, à l’intérieur de la commune. Mais leurs maisons abandonnées furent par la suite détruites par les bombardements ultérieurs ».
Ainsi Edouard Jeanne, le jeune commis-boucher, « déblayait encore le bois de chauffage et des décombres de la boucherie évacuée », à la veille du Débarquement. Le 6 juin, Simonne Lemière écrivit : « je suis allée voir notre maison… nous avons réussi par les petits chemins à regagner notre maison, afin de sauver quelques petites choses. Mais aussitôt que nous avons été partis, nous avons vu deux Allemands rentrer. Qu’allons-nous trouver à notre retour ? ». Le boulanger de Moon au quartier de la gare, M. Elie Jeangrand, a vu sa maison d’habitation détruite (1). Il a perdu son mobilier, ainsi que ses marchandises stockées dans le fournil.
courrier de la mairie de Moon du 17 septembre 1944 à propos des sinistrés de la Gare
Maisons inhabitables ou crainte de nouveaux bombardements, les habitants quittèrent le quartier pour s‘éloigner.
Les familles ouvrières des tuileries de la gare de Lison, quittèrent leur cité, la cité Legoubin, près du chemin du marais. Elle fut touchée également par les bombardements. Les familles Salasso, 5 personnes, Yon, 3 personnes, Chartrier, Ribot, Lefèbvre, Gilles et Levallet partirent dès le 24 mai (1). Deux familles, au moins, M. Salasso et M. Yon, allèrent s’installer sur la commune d’Airel, siège d’une autre tuilerie, jusqu’à l’automne 1944.
Les cheminots furent l’autre population touchée : les familles de Jules Blouet, Henri Laval, Gustave Pierre, André Triboulet, Roger Legoubin, Constant Ribaut chef de gare, Charles Leprielec furent sinistrées partielles (2). Enfin des commerces furent détruits : la boulangerie de M. Jeangrand, la boucherie de Mme Pelcoq, le commerce de fruits et légumes de M. Legoubin.
Se réfugier vers les autres villages de Moon
La famille Lebas (4 personnes), un cheminot, résidant côté Sainte-Marguerite d’Elle, quitta le quartier de la Gare, le 26 mai, pour gagner le village de la Pomme d’Or à Moon, chez M. Leboidre. Mais le 9 juin, la maison de M. Leboidre fut détériorée par un obus, lors de l’arrivée des Américains (5). D’autres familles gagnèrent le même secteur, Mme Jouanne et Mme Cornue, la Pomme d’Or ou la Croix de Moon, Mme Tuleau arriva à la Fotelaie. La famille Pillet quitta les Vignettes proche de la Gare, le 6 juin, pour se réfugier sur le Quartier de la Pomme d’Or jusqu’au 30 juin (1).
Pierre Labbé, autre témoin (4), dont le père était cheminot, rapportait que 18 personnes vivaient chez eux, chemin du Taillis, proche de La Pomme d’Or. C’étaient essentiellement des habitants de la gare, comme la famille d’Albert Laval, qui était chef du dépôt SNCF à la Gare. M. Lefort, autre réfugié chez les Labbé, venu du lieu-dit château Vancamp, route d’Airel, constata, le 7 juin, que sa maison, abandonnée, avait été visitée par les soldats allemands.
Edouard Jeanne dormait au château des Tiques, à la ferme de M. Lebarbenchon, et y retrouvait une trentaine de réfugiés venus dormir. Cette ferme se situait au Rachinet, en retrait de la route départementale et du carrefour des quatre routes, jugés dangereux. Il citait dans son témoignage les familles Jeanne, Touroude, Lacotte, Giard, Blanchard, Deguillard, Lagranderie, Levallois, Manchec.
Chemin menant vers le château des Tiques, un refuge à l’écart des axes principaux et de la gare
La question des visites et des pillages des maisons abandonnées revenait souvent dans les dires des réfugiés du quartier de la gare. Les sinistrés de la gare avaient voulu récupérer leur linge, leurs vêtements ou leur mobilier. Simonne Lemière écrivait que le 6 juin « nous avons vu deux Allemands rentrer. Qu’allons-nous trouver à notre retour ? ».
Francis Leroux et sa femme, réfugiés à Granville, lors de leur déclaration de sinistre (1), précisaient « les bombardements des 29 et 30 mai (ont endommagé) la toiture, les portes et les fenêtres, permettant l’entrée de l’immeuble dont tout fut pris ou fracassé par le pillage ». Dans la liste établie par M. Leroux, figuraient le trousseau de linge, le mobilier, la vaisselle, des papiers et petits objets, deux motos et « un phone ».
Des ordres d’évacuation
Des ordres d’évacuation furent donnés à des habitants du quartier de la Gare, par les autorités. La famille Henri Mauger « évacuée sur ordre (du maire) et sur le conseil des gendarmes » (1) quitta le quartier de la Gare le 6 juin, tout comme la famille de Jules Genis, cheminot. Elles se replièrent vers d’autres villages de Moon-sur-Elle.
La famille Guernier, 6 personnes, Marcel Guernier était facteur des Postes, invoquait, la même cause dans une formulation assez proche « contraints d’évacuer leur domicile », pour se réfugier, le 6 juin, dans une ferme à La Gisloterie, chez Mme Delangle à Sainte-Marguerite d’Elle, pendant 2 semaines.
Nous retrouvons ces ordres les 10-11 juin au moment de la bataille de l’Elle. Pour la famille Guelle, 2 personnes, l’ordre d’évacuation était venu des Allemands « évacués par ordre des Allemands » (1). Ils se réfugièrent à Airel, le 11 juin pendant 2 semaines. La famille Lemenuel, 5 personnes, a dû quitter son domicile le 10 juin, « la maison étant occupée par les Allemands » (1). Alexandre Lecanu, (4) avec sa famille, réfugiés à la ferme de la Motte le 12 juin, « avaient reçu l’ordre des Allemands d’évacuer vers Villiers-Fossard ». Edmond Blaize, autre témoin (4) dut évacuer sur ordre sa ferme au Pont de la Pierre, située sur l’Elle, investie par les Allemands le 9 juin au matin et « transformée en un véritable château-fort avec des Allemands postés à chaque fenêtre ». Edmond Blaize se réfugia au village tout proche de la Castellerie.
Trouver refuge sur d’autres communes voisines
Quelques familles du quartier de la Gare se replièrent vers des communes voisines. Mme Pelcoq, bouchère, arriva le 10 juin à Cartigny-L’Epinay pour y restait jusqu’au 25 juin (1). La famille Pasquier, 2 personnes, fut contrainte de quitter le quartier de la Gare, avant le 6 juin, pour se réfugier chez M. Gaston Martin, débitant à Sainte-Marguerite, du 28 mai au 18 juin (1). Charles Lucas avec sa famille, 4 personnes, se réfugièrent dans la comme de la Folie du 7 au 27 juin 1944 (1).
Une seconde vague de réfugiés avec 60 familles, soit près de 170 personnes
Cette seconde vague amplifia le mouvement des réfugiés, après le Débarquement du 6 juin 1944. Ce fut notamment entre le jeudi 8 et le lundi 12 juin 1944. L’arrivée des Américains sur la commune, le vendredi 9 juin en fin de journée, et la crainte de combats sur l‘Elle, où s’était reconstituée une ligne de défense allemande, poussèrent les habitants à fuir leurs habitations. Offensive américaine ? Contre-offensive allemande ? autant d’incertitudes pour les habitants, avant la libération complète de la commune le vendredi 16 juin. Selon les documents de la mairie, 59 familles, 173 personnes, furent concernées.
A l’approche des Américains, des familles jugèrent plus prudentes de quitter les principaux axes de circulation comme la départementale Saint-Lô – Isigny. Edouard Jeanne (4) qui habitait au carrefour de l’Herbe à Chasles, dit carrefour des 4 routes, dormait au château des Tiques au Rachinet, situé en retrait de la route. « Depuis les bombardements, avec sa famille, son père était cheminot, ils allaient chaque soir à la ferme de Mr et Mme Lebarbenchon. Ils étaient installés dans une étable, couchant tout habillé à la déroulée sur des fagots (isolant), de la paille et un matelas. Au total c’était une bonne trentaine de personnes (Jeanne, Touroude, Lacotte, Giard, Blanchard, Deguillard, Manchec, Lagranderie, Levallois), plus les fermiers et leurs 6 enfants. »
André Pallix, autre témoin (4), parlait de 17 personnes réfugiées à la ferme de la Planche, située dans la vallée de l’Elle. Tous fuirent à nouveau le 10 juin, les Allemands ayant renforcé en face, leur ligne de défense. La famille Reigner quitta La Planche, située au cœur de la vallée de l’Elle pour aller vers les lignes américaines à la Croix de Moon.
La famille d’Ernest Chan (7 personnes) quitta La Fotelaie, située sur la route départementale, pour gagner les champs vers Le Rachinet.
La crainte de cette contre-offensive allemande poussa les habitants de la vallée de l’Elle, à fuir. Selon Henri Levéel, « un groupe d’habitants du quartier du Pont de Moon-sur-Elle (entre autres M. Adam, M. Dubois l’instituteur) » sont partis se mettre à l’abri « … les Américains sont bloqués au pont de Moon, les Allemands ont pris position. Ils vont certainement faire sauter le pont et ils ont conseillé aux riverains de partir ».
Les familles partaient par petits groupes, souvent voisines, pour gagner une ferme, un fossé aménagé. Les habitants de la Fotelaie partirent à l’écart de leur route, pour aménager un fossé vers le Rachinet. Ceux du carrefour des Quatre routes ou de la Gare dormirent au château des Tiques.
M. Lecanu et la famille Leroyer quittèrent le Moulin le 22 juin pour gagner le hameau Montigny, libéré après le 16 juin, et y rester jusqu’au 31 juillet. Plus loin, La famille Beaurepaire des Tuileries se réfugia chez M. Gautier à la Maison Neuve du 6 au 18 juin. Mme Rihouet du Quesnay, proche de la Chapelle du Mesnil-Vitey, vint également au village de La Maison Neuve, en juillet (1).
La question du ravitaillement des réfugiés
Le gros problème de ces groupes de réfugiés, était le ravitaillement. Les femmes faisaient de la galette mais le pain manquait. Edouard Jeanne (4) se rendit à Tournières à vélo mais rien. Le lendemain, le 7 juin, il alla avec Albert Ladune et Désiré Touroude à Saint-Clair-sur-Elle. Aucun des 2 boulangers n’avaient du pain. Le 9 juin, en soirée, Edouard se rendit à La Pomme d’Or à travers champs chercher ses couteaux, pour abattre et dépecer une vache blessée appartenant à Mme Giard. Le lendemain matin, la viande fut vendue à la ferme, « Mr Giard marchand de fruits et de légumes avait une balance, à 13 heures plus de trace de la vache ». Après l’arrivée des Américains, pendant 3 semaines, Edouard abattait, dépeçait, découpait du bétail. Quant à l’abattoir, chemin des Abattoirs, le toit fut recouvert de tôles de récupération par le couvreur, M. Pitrey, une fois la commune libérée.
Henri Levéel, réfugié dans un abri vers le Rachinet entre le 6 et 9 juin, un fossé qu’ils avaient aménagé, évoquait aussi cette question du ravitaillement, « du lait, du beurre baratté et des galettes de la ferme des Chan faisaient l’affaire, ainsi que 4 pains de 3 livres inespérés, achetés à Saint-Clair le matin du 7 juin ».
Pierre Labbé rapportait cette anecdote (4). Il accompagnait, le mercredi 7 juin, M. Lefort à son domicile, évacué depuis les bombardements. La maison avait été visitée. « Des soldats allemands avaient pénétré dans la maison. Etaient-ils repartis précipitamment ? une dinde à moitié plumée avait été laissée dans le seau à charbon. Elle fit un excellent un repas pour les 18 personnes ».
L’isolement et les incertitudes des réfugiés
Certes le repli et l’isolement assuraient aux groupes de réfugiés davantage de quiétude mais « … d’un autre côté, nous ne savons rien de ce qui se passe, même autour de nous. Quant aux opérations militaires, nous sommes dans l’ignorance complète » disait Henri Levéel. L’absence de communications accroissait le climat d’incertitudes.
Ce 6 juin après-midi, « Notre principale préoccupation, maintenant est l’installation de notre poste à galène, nous avons ramené une bobine de fil électrique et une tige de fer ». Mais dans leur abri, ils n’entendaient rien « il n’y a qu’une solution, c’est la ligne électrique ». Henri Levéel avec quelques voisins se rendirent à la ferme de M. Françoise. « Derrière la maison, il y a une très belle pompe en cuivre qui nous sert de prise de terre … Miracle, du premier coup, je capte la musique de la BBC. A 18h 15, heure des informations, j’entends « Ici Londres » … ».
Les informations locales se transmettaient au gré des rencontres. Le 7 juin, les femmes du groupe du Rachiney qui revenaient de la Fotelaie où elles avaient cuisiné, rencontrèrent les Lebossé, réfugiés au château des Tiques. Elles apprirent que l’avion abattu, s’était écrasé près de l’Eglise de Moon et qu’on se battrait dans Granville (cette dernière information était fausse). Le 9 juin, Mme Chan revenant de traire, annonça au groupe l’arrivée des Américains. Le groupe préféra rester dormir une nuit supplémentaire dans leur abri.
Rentrés le samedi 10 juin au matin, ils apprirent, en fin de journée, par un autre groupe de réfugiés, ceux du quartier du pont de Moon, que les Américains étaient bloqués sur l’Elle, et qu’ils craignaient une contre-offensive allemande. A cette nouvelle, les Levéel décidèrent de repartir et se réfugier dans une ferme à Neuilly-la-Forêt, à 6 km. « Obtenir des informations sérieuses » sur la situation en cours, n’était pas toujours facile selon Henri Levéel (5). Ils apprirent également la mort de M. Charpentier adjoint de la commune, habitant près de l’école, décédé le 9 juin.
Ils apprirent aussi la mort du jeune André Guérin parti soigner 3 ou 4 bêtes, tué lors d’un mitraillage aérien d’un camion allemand chargé de munitions près du carrefour des Quatre routes. Henri Pézeril (4) racontait « Avec Edouard, le père d’Edouard Jeanne et Albert Ladune, nous avons ramené le corps dans une couverture ».
La majorité de cette seconde vague, plus de 140 personnes, se dirigea vers d’autres communes
45 familles soit 142 personnes, recensées, se dirigèrent vers des communes proches, tout juste libérées par les Américains comme Lison, La Folie, Cartigny-L’Epinay, Castilly, Sainte-Marguerite d’Elle.
Ces départs se décidèrent souvent en petits groupes. 2, 3 ou 4 familles, du même quartier, partaient le même jour à la recherche d’un abri.
Après avoir passé 2 ou 3 nuits dans les fossés (Levéel, Chan, Lerosier, Bourgeois, Marguerite, Néel, Barey, …) ou dans une dépendance agricole comme la famille Lebossé, cheminot, au Rachinet, ils gagnèrent ensuite une commune extérieure, comme les Levéel à Neuilly-la-Forêt le 10 juin, les Lebossé à Castilly. Les Adam, Lhôtellier proches du Pont de Moon, fuirent vers Lison le 10 juin.
Les Leboidre, Lepingard, Menant et Néel à Lison, le 12 juin. La plupart se réfugièrent dans des fermes.
Chez M. Parfouru herbager à Lison, arrivèrent tout un groupe le 12 juin pour y rester jusqu’au 21 juin, soit 9 personnes avec les familles Mme Néel et sa fille, M. et Mme Leboidre, Mme veuve Oury, Mme Guyomard et sa fille, Mme Lepingard, M. Marcel Yzabel.
Chez M. Pierre Marie, à la ferme du Bois d’Elle à Castilly, se réfugièrent 7 personnes, soit les familles de Pierre Monnerais et de René Lebossé avec ses jeunes enfants, du 12 au 19 juin.
Chez Mme Delangle à Sainte-Marguerite, lieu-dit La Gisloterie, la famille de Marcel Guernier, facteur, du 6 au 20 juin ou chez M.Lefrançois, cultivateur à Sainte-Marguerite, les familles d’Auguste Lerosier le 6 juin et de Georges Degouet le 11 juin jusqu’au 17 juin.
Chez Alphonse Leterrier, herbager à Lison, la famille de Désiré Lassade fut hébergée du 12 au 18 juin avec 5 personnes et chez la veuve Leterrier, 3 familles avec Ferdinand Hamel et Germain Leclerc, 3 personnes réfugiées du 22 au 30 juin, et celle de M. et Mme Marty, 4 personnes du 12 juin au 28 juillet.
Quelques familles de Moon fuyant l’avancée du front, se retrouvèrent sur des communes au sud de l’Elle, occupées par les Allemands comme à Saint-Clair sur l’Elle ou à Cavigny. Certaines y avaient trouvé refuge avant le débarquement, à la suite des bombardements sur la gare, comme à Airel, Saint-Clair-sur-l’Elle, Couvains, Cavigny. Elles se retrouvèrent du « mauvais côté ».
Prises dans les combats de la bataille de Saint-Lô, ces familles avaient dû prendre les chemins de l’exode et ne rentrèrent que fin juillet ou début août. Les familles de Marie Thomasse et Félix Desprès,4 personnes, arrivées sur Agneaux, furent évacuées le 8 juillet vers Saint-Martin de Bonfossé. La famille de Paul Gris, 4 personnes, après s’être réfugiée à Airel, se replia fin juin, sur Rémilly-sur-Lozon pour ne rentrer qu’après le 18 juillet. La famille Rihey, 2 personnes, arrivée à Percy, ne rentra que le 8 août (1).
Finalement, pour la grande majorité des réfugiés de Moon-sur-Elle, l’exode ne dura que quelques jours, voire deux à trois semaines. Le retour s’effectua pour la majorité dans la semaine du 18 au 23 juin. Les 16 et 17 juin, les Américains avaient atteint Airel, La Meauffe et le carrefour Saint-Clair. Sur la commune, l’attaque déclenchée le vendredi 16 juin, remonta la route de l‘Eglise jusqu’à la Chapelle du Mesnil-Vitey, où une ferme brûla, puis La Meauffe, libérant totalement la commune. Quelques familles ne rentrèrent qu’en juillet.
Des réfugiés extérieurs, venus de Cherbourg, de Saint-Lô, à Moon-sur-Elle, pris dans la guerre.
Dans ce climat de confusion de fin mai et de juin 1944, les personnes extérieures réfugiées à Moon furent rattrapées par les combats, comme celles évacuées de Cherbourg avant mai 1944. 14 familles, 23 personnes inscrites sur les documents étudiés, avaient été évacuées de la région cherbourgeoise. S’y ajoutaient 2 familles, 5 personnes, venues de Sotteville-les-Rouen et du Havre, autres secteurs stratégiques visés par les bombardements.
Selon le registre du conseil municipal, en date du 17 septembre 1943, une centaine de réfugiés de la région cherbourgeoise étaient arrivés à Moon dans les mois précédents. Sur la fiche d’évacuation de Mme Louise Tanqueray, figure la date du 25 avril 1943.
Roland Poirier (4) témoignait en 2003 que son père « avait transporté en carriole à cheval des civils expulsés de Cherbourg, arrivés en gare de Lison, vers Moon, Bérigny, … ».
L’état sur les sinistrés et réfugiés nécessiteux de mai-juin 1944 montre que c’étaient surtout des femmes seules de la région de Cherbourg : Mme Vve Hériot, Mme Vve Vaussy, Mme Vve Rachine, Mme Vve Varangue, Mme Vve Tanqueray, Mlle Lepigeon, Mlle C. Lepigeon. Quelques familles également : Brevet, Houet, Lecordier, Lebas. Ces familles cherbourgeoises ne purent rentrer qu’à la fin de l’été chez elles. Elles bénéficièrent de l’allocation journalière de secours de mai à août 1944 selon les états de Moon.
Sur la ligne de front, une jeune réfugiée de Cherbourg, Simone Voisin âgée de 12 ans, hébergée chez Mme Vasse à La Castellerie, fut tuée le samedi 10 juin au matin par une balle allemande. Elle était descendue dans la vallée pour aller chercher son lait. Selon Madame Pézeril, « elle fut enterrée dans le jardin à la Duranderie, puis portée en terre au cimetière de Moon, 9 jours plus tard ». Ce même jour, Mme Marie, une habitante de Moon au village La Couture, situé dans les positions défensives allemandes, fut tué par une balle allemande. La veille, à la Croix de Moon, M. Charpentier, adjoint de la commune, avait ramassé une grenade derrière sa maison. Elle a explosé et il décéda de ses blessures. Était-elle piégée ou avait-t-il glissé ?
Quelques personnes évacuées de Saint-Lô, ville en ruines après les bombardements du 6 juin, arrivées à Moon, furent rattrapées par le conflit à Moon avec l’avancée des soldats américains. Le couple Tanqueray était arrivé dès le mois de mai, Mme Madoré et Mme Bourgeois arrivèrent le 6 juin à Moon. Selon Roland Poirier (4), des civils qui avaient fui Saint-Lô après les bombardements du 6 juin, furent installés dans l’ancienne laiterie de Sainte-Marguerite, située à la sortie de ce bourg. Edouard Jeanne (4) précisait qu’après les événements, ses patrons rentrés d’exode, réouvrirent la boutique. « A la clientèle de Sainte-Marguerite, s’ajoutait celle des réfugiés de l’ancienne laiterie Charles Gervais ».
Après la libération de Saint-Lô le 18 juillet, de nouvelles personnes sinistrées de Saint-Lô arrivèrent dans la commune en juillet – août : Mme Labbé, Mme Eury, Mme Paris, Mlle Leboidre, Mme Guillemette ou à l’automne Mme Le Bozec, hébergée à partir du 21 septembre chez Mme Blanchet, Mlle Lair, M. Georges Lucas cheminot, ou la famille Pierre Mesnildrey arrivée le 10 novembre.
Quelques sinistrés arrivèrent de communes très éprouvées par les combats de Saint-Lô. Le couple Louis Choucard, cultivateurs à Bérigny, dont la maison fut détruite, se réfugia à Saint-Pierre de Semilly fin juin, puis à Saint-Clair fin juillet avant d’arriver à Moon fin août. Nous retrouvons dans les documents de la mairie, les noms des Pitrey de Saint-Germain d’Elle, de Mme Lepelletier de La Meauffe, de Mme Suzanne Lelièvre originaire de Saint-Lô passée par Moon et Villiers-Fossard, ou de Marcel Alphonse de Pont-Hébert (1).
Le parcours de la famille d’Anatole Lefortier (1), 6 personnes, arrivée à Moon-sur-Elle en septembre 1944, fut un peu singulier. La famille, originaire de Saint-Lô, a connu l’exode et s’est retrouvée réfugiée à Ducey dans le Sud-Manche. Elle y fut logée et toucha l’allocation journalière, prévue pour les personnes nécessiteuses, ainsi que l’indemnité de logement jusqu’au 31 août. Le maire de Ducey avait « prêté, à cette famille, pour son retour, un cheval abandonné par les Allemands. Cet animal doit être, suivant la réglementation, signalé et n’appartient pas à la famille en question, mais au département ». Il demanda au maire de Moon de faire le nécessaire, mais aussi de récupérer le prix de « 2 stères de bois, valeur 400 francs ». Le cheval fut déclaré par la mairie de Moon. Mme Lefortier, retourna à Ducey et régla le différent, le bois et un loyer qui restait à payer
L’organisation des secours d’urgence pour les sinistrés et réfugiés
131 personnes, soit 64 familles bénéficièrent officiellement de ces secours à Moon-sur-Elle.
Le nouveau gouvernement provisoire, issu de la Résistance, installé dans les territoires libérés, dut prendre en compte rapidement le sort de ces populations civiles. Quels secours d’urgence ? Quelles aides financières et matérielles à apporter à ces sinistrés et réfugiés qui avaient fui leurs domiciles ?
Les nouvelles autorités reprirent les dispositions de la loi du 19 janvier 1944 de l’ancien gouvernement et adressèrent aux maires des instructions sur les secours à organiser. L’instruction officielle de la sous-préfecture de Cherbourg (1), demanda que chaque sinistré ou réfugié reçoive une carte portant la mention « sinistré » ou réfugié » afin de recevoir ces secours. Cette instruction était signée par François Coulet, chef de cabinet du général de Gaulle, nommé dès le 15 juin commissaire de la République française, dans les territoires libérés.
carte de réfugié
Circulaire reçue en mairie de Moon et annotée par la mairie
64 familles, soit 131 personnes, au cours de cet été 1944 et de l’automne – hiver 1944-45 ont pu bénéficier d’aides financières, selon les documents conservés dans les archives de la mairie de Moon. Ces documents sont l’état pour les secours d’urgence aux seuls sinistrés (2) et les états d’allocations journalières d’assistance aux seules familles nécessiteuses (3), dressés par la mairie à partir de septembre 1944. Les personnes qui avaient fourni des attestations mais dont les revenus dépassaient le plafond ne pouvaient prétendre à ces allocations journalières.
26 familles sinistrées, soit 64 personnes, purent bénéficier des secours d’urgence à Moon
Un secours d’urgence de 1500 francs par personne privée était alloué aux sinistrés, dont le domicile principal et les meubles étaient entièrement détruits, à l’exclusion de celles qui disposaient d’une autre résidence. Le secours était de 1000 francs si le domicile était partiellement détruit, tout en étant inhabitable.
La mairie de Moon en dressa l’état seulement le 29 octobre 1944. Par suite des bombardements sur le quartier de la Gare fin mai-début juin, les familles avaient abandonné leur domicile, mais elles étaient revenues récupérer la plus grosse partie de leur mobilier. Le maire envoya un courrier à la Préfecture le 17 septembre 1944, afin de savoir si les familles pouvaient prétendre à ce secours. Le Directeur du service des réfugiés de la Préfecture donna son accord, comme sinistrés partiels.
Dans cette liste de sinistrés, la majorité résidait dans le quartier de la gare : des cheminots comme Jules Blouet, Charles Lucas, Henri Laval chef du dépôt, Gustave Pierre, André Triboulet, Roger Legoubin, Constant Ribaut chef de gare, Charles Leprielec ; des commerçants comme le boulanger Elie Jeangrand, la bouchère Mme Pelcoq. A cette liste s’ajoutaient quelques cultivateurs, comme Constant James dont la ferme à la Chapelle du Mesnil-Vitey avait brûlé, lors de l’attaque américaine du 16 juin, Octave Godard, Emile Lemarquand.
5 familles extérieures réfugiées à Moon, bénéficièrent également de ces secours. M. Victor Brevet, sinistré, originaire de La Glacerie près de Cherbourg, ne pouvait pas regagner son immeuble situé chemin de La Glacerie, rendu entièrement inhabitable à la suite des bombardements de juin 1944. Il était encore présent à Moon en novembre 1944.
De même, 3 familles victimes des bombardements du 6 juin à Saint-Lô, Mme Labbé, Mlle Lelièvre apprentie-couturière, Georges Lucas, cheminot. La quatrième famille, Louis Choucard et sa femme agriculteurs, victimes de la bataille de Saint-Lô, avec la destruction de leur ferme à Bérigny, arrivés sur la commune en août, eurent droit à ce secours d’urgence. Leur périple les avait conduits à fuir vers Saint-Pierre de Semilly, puis vers Saint-Clair-sur-l’Elle libéré et enfin Moon-sur-Elle.
La commission communale
Les maires devaient établir une carte par réfugié ou sinistré portant la mention « sinistré » ou « réfugié ». Pour toucher l’aide, les personnes venaient émarger en mairie. Qui était sinistré total ? sinistré partiel ? Comment éviter qu’un réfugié ait touché un secours à Moon, mais aussi dans une autre commune ?
Une commission communale fut instituée pour valider les personnes éligibles à ces aides, enquêter et statuer sur les demandes, comme cette enquête à Airel pour la famille Lebéhot ou le cas de M. Hélaine, sinistré (1).
5 membres formaient cette commission. Le document sur les secours d’urgence (2), en date du 29 octobre 1944, comportait 5 signatures : Ernest Gilles le maire, Elie Jeangrand conseiller municipal et boulanger à la Gare, M. Charles Pallix représentant du secours social communal, M. Levéel, président des Anciens Combattants et de M. Constant James, représentant des sinistrés. Nous retrouvons ces noms, lors de la délibération de la commission du 10 décembre 1944.
La commune de Moon reçut au moins 17 courriers de mairies voisines au cours de l’été et de l’automne 1944, pour certifier l’évacuation et le refuge de populations de Moon, ou justifier le versement ou non d’allocations de secours. De même, des particuliers attestèrent sur papier libre avoir hébergé des habitants de Moon-sur-Elle.
Le cas de Mme Odette Charpentier, réfugiée de Cheux, une commune de la Plaine de Caen évacuée de ses habitants par les autorités britanniques, illustre les contestations de gestion des aides entre les communes. Elle arriva à Moon fin juillet, y resta jusqu’au début novembre avant de rejoindre Neuilly-sur-Seine. « La préfecture de la Seine ne veut pas payer ce qui est dû par le département de la Manche », un reste d’allocation de réfugié à payer, 270 francs. « Je vous écris pour que vous fassiez le nécessaire afin que nous touchions ces allocations en retard » écrivait-elle au maire de Moon-sur-Elle (1).
Une allocation journalière d’assistance pour les personnes nécessiteuses
Avec le secours d’urgence aux sinistrés, se posait la question d’une aide financière à apporter dans la durée aux réfugiés. Une allocation journalière d’assistance fut instituée pour les personnes nécessiteuses, à verser toutes les quinzaines. Les ressources des réfugiés ne devaient pas dépasser un plafond de ressources fixé à 1 200 francs par mois pour une personne isolée, 1 800 francs pour une famille de 2 personnes, 2 200 francs pour 3 personnes et 400 francs par personnes en sus, en été 1944.
Pendant les trois premiers mois, l’allocation se montait à 19 francs par jour pour une personne isolée ou au chef de famille, 15 francs par jour pour chaque autre membre. Une indemnité de logement, de chauffage et d’éclairage pouvait compléter l’aide. Après 3 mois, le taux d’allocation journalière diminuait et l’indemnité était supprimée.
45 familles nécessiteuses, soit 78 personnes, ont bénéficié de cette allocation à Moon-sur-Elle.
Selon les états dressés par la mairie pour la période du 1 er mai au 30 novembre 1944 et du 1er février au 31 mars 1945 (3),
Etat des allocations journalières aux sinistrés et réfugiés nécessiteux pour la période de septembre 1944, certifié exact le 15 octobre 1944 (3)
70% des familles aidées, étaient des réfugiés venus d’autre communes
En été 1944, les bénéficiaires étaient essentiellement des personnes arrivées de la région cherbourgeoise et cela dès le mois de mai, 13 familles, soit 17 personnes. Après août-septembre, ne restèrent que 2 familles, dont Victor Brevet un sinistré de La Glacerie dont l’immeuble d’habitation à La Glacerie avait été détruit par les bombardements aériens. Mme Lebas d’Equeurdreville était la femme d’un requis en Allemagne. S’y ajoutaient les 2 familles, 5 personnes, venues du Havre et de Sotteville-les-Rouen, un centre ferroviaire, cibles stratégiques pour l’aviation anglo-américaine.
Le second groupe était des familles venues de la région de Saint-Lô, 11 familles, 16 personnes, arrivées à partir du mois de juin ou après la bataille de Saint-Lô. Mme Eugénie Madoré et Mme Bourgeois femmes de prisonniers, Mme Paris, femme d’un interné en camp de concentration, étaient encore présentes à l’automne 1944, voire au début de 1945 à Moon.
Mme Eugénie Madoré se réfugia à Moon-sur-Elle après les bombardements du 6 juin, sa maison, rue des Petits noyers à Saint-Lô ayant été détruite. De la famille Madoré vivait à Moon, dont Jean Madoré cheminot. Femme de prisonnier, elle bénéficia comme sinistrée nécessiteuse, de l’allocation journalière de 19 francs par jour. Ses droits étaient à faire valoir à partir du 6 juin. Puis elle baissa à 15 francs en octobre 44 jusqu’à fin mars 1945. L’Allemagne capitulant le 8 mai 1945, les prisonniers purent rentrer.
30% des familles aidées, étaient de Moon-sur-Elle.
Quant aux familles de Moon, elles se font faites connaître surtout en septembre 1944, 2 familles (5 personnes) indemnisées en juillet-août 1944 et 6 familles en septembre (13 personnes). Puis elles ne sont plus présentes sur les états en automne 1944. Il s‘agissait de réfugiés qui ont quitté Moon en juin 1944, face à l’arrivée du front ou à la suite des bombardements du quartier de la Gare, pour gagner Rémilly-sur-Lozon, ou Saint-Martin de Bonfossé, ou Pont-Hébert puis Cavigny, ou La Folie. Ces familles, 4 personnes, étaient revenues ensuite à Moon, en juillet.
Quant aux autres réfugiés aidés, habitants de Moon, ils avaient fui leur domicile, mais étaient restés dans la commune, notamment des sinistrés du quartier de la Gare (4 personnes), pour gagner un autre village et y sont restés pendant 4 mois au moins. 5 familles, soit 12 personnes, avaient fui l’avance du front pour aller vers La Maison Neuve, le hameau Martigny, La Pomme d’Or par exemple. Un déplacement qui a duré de 2 à 5 semaines.
La bataille de Normandie achevée, la guerre s’éloigna de Moon-sur-Elle. Les troupes et le matériel avaient quitté la commune. Restait encore l’hôpital militaire, près de la Gare, sur la commune de Lison, qui fut fermé le 23 octobre 1944.
A partir d’octobre 1944, il ne restait plus que 14 personnes aidées, toutes, sauf 2 familles, étaient de Saint-Lô. Les réfugiés de Moon étaient rentrés pour la plupart fin juin, ceux de Cherbourg, fin août-septembre. « A partir du 21 août 1944, un train circulait tous les jours entre Caen et Lison, puis jusqu’à Cherbourg » selon Henri Levéel (5).
Une indemnité d’évacuation pour les personnes qui avaient fui le feu des combats
Dernière aide pour les réfugiés de cet été 1944, ce courrier du 8 mars 1945 du ministère des prisonniers, déportés et réfugiés, qui demandait à la commune de faire un état des personnes qui ont quitté le territoire de la commune sous la menace de la ligne de feu au cours de l’été 1944. Ces dernières pouvaient prétendre à une indemnité d’évacuation.
La commune reçut alors, en ce printemps 1945, une trentaine de nouveaux courriers, certifiés par les mairies environnantes comme Airel, Castilly, Cartigny, Lison, Ste-Marguerite, St-Clair, ou Couvains, et quelques courriers libres.
Après la Libération, quel bilan des sinistres et dégâts à Moon-sur-Elle ?
Après la libération de Paris le 25 août et le repli des forces allemandes sur les frontières de la France en septembre 1944, la guerre s’éloignait du territoire. Comment retrouver une vie normale pour les habitants et se préparer à l’hiver ? La vie du quotidien se heurtait à la pénurie : comment réparer les habitations ? Comment se procurer les produits de première nécessité ? Comment se nourrir ?
Dans sa circulaire du 2 septembre 1944, le directeur du service des réfugiés, G. de Mazenod, à Coutances (1), demandait aux maires :
« -Troisièmement faire un état des propriétés, baraquements ou grands bâtiments qui seraient éventuellement disponibles dans lesquelles pourraient être logés des sinistrés, surtout que l’hiver approche.
L’hiver approche, de nombreux sinistrés ne pourront encore rentrer chez eux, votre premier devoir est de faire que chacun dans une France libérée retrouve grâce à l’entraide nationale un toit et un foyer.
– Quatrièmement les besoins approximatifs de votre commune en matériel nécessaire pour effectuer la remise en état provisoire des habitations. Les matériaux dont nous pourrons passer commande étant les suivants : papier goudronné, clous spéciaux, lattes, voliges, clous à charpente, vitrex, cabanes, papier huilé ».
Les sinistres agricoles
Dès août 1944, s’était tenue une commission communale de Moon composée de M. E. Gilles maire, M. E. Cauche adjoint, de cultivateurs M. Bouillet de la ferme de la Vallée, M. Gautier de la ferme de la Maison Neuve, M. Constant James de la ferme de la Chapelle du Mesnil-Vitey, M. Ledoyer de la ferme de la Couture, M. Lucien Eury de la ferme du Quesnot, pour établir la liste des dégâts, au 4 août 1944 (1).
Seulement, 6 fermes connurent des destructions, celles de M. Baptiste Guelle, M. Eugène Lecanu, Mme Veuve Degouet, M. Octave Godard, M. Emile Lemarquand et M. Constant James (1). Celle de M. Constant James, fut totalement détruite, incendiée lors de l’attaque américaine du 16 juin 1944. Celle de M. Lecanu, située dans la ligne défensive allemande à La Lande, fut partiellement détruite lors de la bataille de l’Elle.
La Chapelle du Mesnil-Vitey, ferme détruite par un incendie lors de l’attaque américaine du 16 juin 1944, habitation reconstruite (à gauche)
Lors de l’avancée du front de guerre, 74 têtes de bétail furent tuées, dont près d’une soixantaine de bovins. 21 fermiers déclarèrent ces pertes. Les fermiers les plus touchés furent M. Constant James (3 vaches, 4 chevaux, 8 porcs, 6 veaux et 2 chèvres tués), M. Gautier (4 vaches, 1 veau, 1 porc tués), M. Mauduit (5 vaches tuées le 25 juillet lors d’un bombardement), M. Lecrosnier (8 vaches, 1 cheval, 5 veaux tués), M. Lecanu (4 vaches tuées et 1 attelage + voiture, enlevés par les Allemands). 3 attelages et 2 voitures furent enlevés par les Allemands (1).
« Les récoltes sont à peu près nulles, la production de céréales a toujours été insuffisante et cette année elle le sera particulièrement, la production de foin et de céréales sera à peu près nulle » surtout que les mines, obus et grenades ne permettaient pas d’assurer les récoltes (1).
Rapport de la commission communale sur les dégâts à Moon-sur-Elle d’août 1944 :
Terres et champs détériorés
Beaucoup de terres labourées et prairies de fauche furent détériorées par les véhicules, camions et tanks cantonnés dans les champs au moment du front de guerre, mais aussi quand la commune fut une base arrière de l’armée américaine. André Pallix (4) se souvenait qu’à la suite de l’installation des renforts, les tanks, les half-tracks étaient parqués dans les champs de M. Lecanu. Dans les grands champs derrière la ferme de l’église, un petit terrain d’aviation avait été aménagé pour les avions mouchards. Selon Alexandre Lecanu (4), Les grands ormes le long du chemin des tuileries avaient été dynamités, pour faciliter les décollages. Non loin de la ferme des Lecanu, se trouvait un atelier de soudure pour les herses de chars, herses fixées à l’avant des chars pour éventrer les haies, lors des attaques. Selon Alexandre Lecanu, « les champs étaient labourés par les chenilles des chars et pollués par les huiles de vidange, l’herbe ne repoussait pas ».
Les soldats américains avaient creusé des trous individuels pour se protéger lors de leurs bivouacs. Des tranchées étaient ouvertes, des talus abattus. Les herbages près de chez Henri Levéel, à La Fotelaie, furent occupés par » un long convoi de véhicules » de la 35ième DI arrivée en renfort, le 5 juillet. Le campement y demeura jusqu’au 14 juillet.
La commission tenta d’évaluer les besoins pour relancer la production agricole :
-Passer d’abord l’hiver en fournissant aux animaux de l’alimentation : aliments concentrés pour les animaux, « grains : trèfle incarnat, avoine, seigle, blé et foin ».
-Avant de relancer les cultures, faire appel à des spécialistes pour déminer les champs et fournir des engrais, car depuis quatre ans il n’y avait plus d’apport. Depuis quatre ans, les machines n’avaient pas été réparées sérieusement, les pièces détachées manquaient « pour les machines d’origine anglaise et américaine (Bamfort, Bamlette, Dearing, Albion, Mac Cormick) » ainsi que lubrifiants et huile pour les moteurs. Des machines neuves, charrues brabants et matériel neuf étaient demandées pour les fermes sinistrées.
Sur l’ensemble de la commune, les chemins avaient été fortement détériorés par les passages militaires, les chars et par les obus. Quant au réseau électrique, il était totalement détruit selon la commission.
Sinistres matériels
La commission mit en avant les destructions sur le quartier de la Gare avec les bombardements du 24 mai 1944. Par la crainte de nouveau bombardements et par les destructions qui avaient rendu les maisons inhabitables, les habitants avaient évacué le quartier. Ils y étaient revenus dans la journée pour récupérer quelques meubles et biens personnels.
La bibliothèque des cheminots tenue par Mme Pinchon et le kiosque de vente à la gare furent totalement détruits par les bombardements.
S’y ajoutaient les visites et pillages de ces logements, par les Allemands (et autres ?) selon Simonne Lemière, Pierre Labbé, Henri Levéel ou Roland Poirier (4). Dans son courrier Pierre Delafosse (1), journalier, qui précisait les quelques pertes de biens dues à un obus, déplorait le « vol d’1 drap, de 2 couvertures et de 2 dessus de lit par les Allemands ».
Des courriers furent déposés ou envoyés en mairie par les sinistrés, pour dresser la liste de leurs biens perdus : mobilier, vaisselle, vêtements et linge, outillage et demander une indemnité à titre de sinistré partiel, des listes à la « Prévert ».
La pénurie de biens élémentaires persista après la guerre
Si après le départ des troupes américaines en août 1944, les habitants purent récupérer des matériels abandonnés dans les champs : « Heureusement que les Alliés ont laissé une quantité énorme de petites choses qui nous dépannent comme du papier goudronné, des planches, des cartons, des pieux, des plaques métalliques ou encore du grillage » selon le témoignage d’Henri Levéel (5). Se procurer des produits essentiels pour réparer et passer l’hiver s’avéra difficile.
Pour réparer les maisons
L’année 1945 commença, à la mi-janvier, par une énorme déflagration produite par l’explosion d’un train américain de munitions, percuté en gare de Lison par un train en provenance de Cherbourg. Elle provoqua la destruction de toutes les vitres à des centaines de mètres à la ronde, cela en plein hiver. Sur place, une tranchée de 30 mètres de long et de 8 mètres de profond fut creusée par l’explosion.
Les vitres étaient un matériau rare. M. René Lepage réclama en mairie du vitrex pour réparer ses carreaux. Le vitrex était un film translucide renforcé intérieurement de fils textiles, très fragile, remplaçant le verre.
Pour les besoins domestiques
Les autorités organisèrent des distributions, des bons pour le savon, pour les chaussures ou des livraisons de lits et matelas, comme le 18 janvier 1945 par l’entrepôt général de Saint-Lô (1).
Selon un courrier de la mairie d’Airel du 6 avril 1945 (1), un lot de matériel de couchage, 19 lits et quelques lits simples, était resté entreposé et abandonné à l’usine des Tuileries, sur la partie de Moon. Les soldats allemands avaient occupé l’usine et abandonné à leur départ ce matériel. Au dos de ce courrier, une liste de noms avait été inscrite au crayon à papier, par la mairie. Etaient-ils les destinataires de ces lits ? Nous retrouvons le nom de sinistrés et de réfugiés : Delafosse, Gautier, Godard, Menant, Lepage, Godey, Tessier, Levaux, Auvray, Bouillet, Gautier, Chan.
Malgré la fin de la guerre avec la capitulation allemande le 8 mai 1945, des couvertures furent encore envoyées pour le canton à St-Clair, dont 10 prévues pour la commune de Moon, à l’approche du nouvel hiver, selon un courrier du 29 septembre 1945 du ministère des prisonniers, déportés, réfugiés.
Une réunion cantonale fut organisée, le jeudi 25 octobre 1945, à Saint-Clair-sur-Elle pour répartir l’enveloppe de 331 000 francs de secours exceptionnels. La commission devait dresser une liste cantonale des victimes de la guerre (réfugiés, sinistrés, blessés), en situation de familles nécessiteuses, dignes d’intérêt. Chaque maire devait apporter un état numérique des sinistrés totaux ou partiels. Ce même jour une répartition des bons pour chaussures était à définir.
Sur le quartier de la Gare, des baraques en bois d’après-guerre furent construites au bas de la rue du Stade actuelle ; 6 baraques, 2 rangées furent montées le long de la rue et une dans la cour de la boulangerie selon Henri Pézeril (4). Les maisons du chemin du Rieu n°1, de la rue du Stade n°14 et 16 sont d’anciennes baraques en bois selon Henri Pézeril.
Un recensement des habitations et groupe d’habitations jugées insalubres était à faire selon le courrier de la préfecture de la Manche du 4 janvier 1946 (1) et « Vu la pénurie des matériaux et l’urgence du relogement des sinistrés, les débits de boisson à reconstruire ne sont pas une priorité, sauf ceux classés en 1ère et 2 ième catégorie ».
Pour se nourrir, le rationnement
L’alimentation restait difficile dans cet après-guerre. Selon Henri Levéel (5), si en été 1944 « la nourriture était beaucoup plus facile à se procurer maintenant, la viande, le beurre et le lait … le pain redevint sévèrement contingenté. La ration journalière de 450 grammes par adulte est insuffisante. »
Le nouveau gouvernement provisoire de la République, issu de la Résistance dut rétablir le rationnement qui avait cours sous l’occupation. La gestion en était assurée par les mairies.
Cartes à tickets pour le rationnement du pain (catégorie E = enfants de moins de 3 ans ; catégorie JM : J enfants de 3 à 9 ans et M : adultes de 21 à 70 ans), premier trimestre 1949 (7)
Feuilles trimestrielles pour les coupons d’alimentation (usages différents selon les couleurs) premier et second trimestre 1949 (7)
La Renaissance du Bessin du vendredi 1er septembre 1944, taux des rations alimentaires en septembre 1944 (8) et La Renaissance du Bessin du 10 octobre 1944 (8): on potine … on potine …
Ce rationnement favorisa le marché noir, dénoncé dans la presse locale « on potine …« , mais aussi la circulation de faux tickets de rationnement. L’inflation déjà présente par les pénuries, fut amplifiée par le marché noir.
La carte de pain ne fut supprimée qu’en février 1949. Les derniers tickets de rationnement, pour le sucre, le café et l’essence furent définitivement retirés le 30 novembre 1949
La commune est déclarée sinistrée en novembre 1945
Par un courrier du 19 novembre 1945 du ministère de la reconstruction et de l’urbanisme, la commune fut déclarée sinistrée. Elle devait faire l’objet à ce titre, d’un projet partiel de reconstruction et d’aménagement, vu le rapport de Mr Jean Courroux urbaniste, demeurant Paris XVIe. Pour établir ce projet, le ministère proposait de faire appel à Mr Jean Courroux.
Conclusion
Quinze jours à peine après le Débarquement, la commune de Moon-sur-Elle était libérée. Elle fut peu éprouvée par le nombre de pertes humaines, trois victimes civiles les 9/10 juin 1944. Les bombardements sur le quartier de la Gare, l’avancée du front de guerre et la crainte d’une contre-offensive allemande sur l’Elle ont suscité, en revanche, peurs et inquiétudes qui poussèrent plus de 200 habitants (selon les documents conservés en mairie) de Moon à fuir leurs habitations. Partant en petits groupes, souvent des voisins, ils se réfugièrent dans les fermes plus isolées ou des abris de fortune ou partirent vers des communes voisines tout juste libérées. Il faut ajouter à ces chiffres, le sort des évacués de Cherbourg ou de Saint-Lô réfugiés à Moon, près d’une cinquantaine de personnes, prises également dans la ligne de front.
Pour la grande majorité des réfugiés, la durée de l’exil ne dura que quelques jours à deux semaines voire trois semaines en ce mois de juin 1944. Les réfugiés extérieurs, comme ceux de Cherbourg ne rentrèrent que fin août 1944 chez eux et les quelques personnes de Saint-Lô durent bien souvent attendre le printemps 1945.
Si les destructions, à l’exception du quartier de la Gare sinistré, restèrent somme toute limitées, les dégâts dans les champs, sur les routes, et du réseau électrique, furent beaucoup plus significatifs. Champs labourés par le passage de l’armée américaine en juin 1944, puis le stationnement du matériel de guerre pendant la Bataille des Haies de l’été 1944, bétail tué par les tirs et éclats d’obus, mines et engins explosifs restés dans les champs, gênèrent considérablement l’activité agricole.
La Libération suscita la joie et l’espoir de reprendre une vie normale, après quatre années d’occupation allemande. Les pénuries, le rationnement, l’inflation, la réparation des habitations avant l’hiver, rappelèrent très vite aux populations les difficultés de la vie quotidienne.
Gilbert Lieurey
Sources :
- Courriers reçus par la mairie de Moon-sur-Elle en 1944-45 de mairies, de particuliers, des autorités sur la question des sinistrés et des réfugiés (archives de la mairie de Moon-sur-Elle)
- Etat des secours d’urgence accordés aux sinistrés des bombardements, en date du 29 octobre 1944 (archives de la mairie de Moon-sur-Elle)
- Etats des allocations journalières aux sinistrés et réfugiés nécessiteux de mai à novembre 1944 et de février à mars 1945 (archives de la mairie de Moon-sur-Elle)
- Article sur le site moon-sur-elle-histoire.fr : libération de Moon-sur-Elle en juin 1944, témoins, publié également dans les bulletins municipaux de Moon-sur-Elle 2003 et 2004 par Gilbert Lieurey.
- Rails et Haies, par Marcel Levéel, 2004, Editions Eurocibles
- La guerre, journal intime d’une jeune femme normande entre 1939 et 1945, Simonne Lemière, 2004, Epsilon Editions.
- Tickets de rationnement (archives de la mairie de Moon-sur-Elle)
- La presse locale : La Renaissance du Bessin de septembre et octobre 1944 (Archives départementales du Calvados)