Histoire des écoles de Moon-sur-Elle de 1760 à 1881 (fiche)
La plus ancienne mention d’un maître d’école à Moon remonte à 1760, c’est celle de Germain Lagoüelle (1728-1797).
Les petites écoles paroissiales, sous l’Ancien Régime (avant 1789).
Au XVIIIe siècle, ces petites écoles dispensaient les rudiments de l’apprentissage de la lecture, du catéchisme, de l‘écriture et du calcul. Le maître était payé par les familles, soit en argent, soit en nature, ce dernier cas étant le plus fréquent. Parfois s’y ajoutaient des donations de bienfaiteurs.
Des progrès de l’instruction au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle furent constatés à Moon. Si à peine 1 jeune homme sur 2 originaire de Moon savait signer entre 1721 et 1740, plus de 3 jeunes hommes de Moon sur 4, savaient signer entre 1771 et 1790, lors de leur mariage.
Quant aux jeunes femmes originaires de Moon, la situation restait plus difficile. Entre 1771 et 1790 la proportion n’atteignait seulement qu’un peu plus de la moitié. Entre 1721 et 1740, la seule mariée sachant signer avec paraphe était la fille héritière du seigneur de Moon, Marie Bauquet.
Une instruction primaire instituée dans les communes de plus de 500 habitants en 1833.
A partir de 1817, un instituteur fut régulièrement nommé à Moon-sur-Elle. En octobre 1833, le préfet rappela au conseil municipal de Moon qu’il devait faire face aux obligations de la loi Guizot. La construction d’une maison-école et mairie devenait une nécessité, vu le local « obscur, placé dans une position peu salubre, et le mobilier scolaire en mauvais état ».
Le devis retenu fut présenté en novembre 1838 par l’architecte Queillé de Saint-Lô. La réception des travaux fut faite en mai 1843. Avec 10 bancs et 10 tables de 2.70m de long, moitié filles, moitié garçons, la salle de classe pouvait contenir 50 élèves (5 encriers par table). Mr Jean Robin instituteur nommé en 1837, assura la rentrée scolaire de 1843.

La condition de l’instituteur restait bien modeste. Au début du XIXe siècle, il était payé par les parents des enfants présents et logé par la commune. A partir de 1824, il toucha de la commune de Moon une indemnité annuelle de 100 francs. Quant aux parents « indigents » qui souhaitaient envoyer leur enfant à l’école, il fallut attendre le début des années 1840 pour voir 7 garçons aidés par la collectivité qui se substitua aux parents en versant la contribution mensuelle de 75 centimes à l’instituteur.
Un enseignement religieux était délivré dans l’école communale. Le règlement des écoles primaires du 12 janvier 1836, stipulait qu’ » au commencement de chaque classe, les élèves se mettent à genoux et le maître fait réciter les prières d’usage. La classe se termine par la prière (article 11).
L’école spéciale des filles créée en 1862
Pour les filles, la commune refusa dans les années 1830 de payer une institutrice. Le préfet enjoignit la commune d’apporter une contribution. L’école communale construite en 1843, prévue pour 50 élèves, permit alors de mener une instruction publique dans le cadre d’une seule école, une classe unique mixte.
En 1861,La commune inscrivit dans le futur budget, une somme de 365 francs pour le traitement annuel de l’institutrice et porta son choix sur un logement situé près du presbytère appartenant au baron de Moon, Monsieur Gustave de Baupte.
Pour transformer ce bâtiment en logement-école, un devis fut établi début 1862 par Monsieur Didier, architecte à Saint-Lô. Mademoiselle Renard prit ses fonctions à la rentrée de 1862 et y demeura jusque dans les années 1880.

Les lois scolaires de Jules Ferry en 1881-82 : une école primaire obligatoire, gratuite et laïque.
Jusqu’à cette loi, les parents devaient verser la rétribution scolaire aux instituteurs. En 1867, la commune de Moon avait décidé de payer à l’instituteur et à l’institutrice une rétribution scolaire pour la présence gratuite des enfants d’indigents. La majorité des enfants de Moon a pu recevoir ainsi une instruction minimale avant les lois de 1881-82.
Cependant, un illettrisme persistait. Les adultes illettrés n’étaient pas nécessairement des analphabètes, ils avaient suivi une instruction dans leur enfance à l’école communale. Mais le fait d’avoir été plus ou moins assidu à l’école et la mise au travail dès l’âge de 12 ans, les avaient conduits à perdre les rudiments d’écriture et de lecture. Des cours furent donnés à Moon, aux illettrés adultes, pour les garçons, cela depuis 1857 par Monsieur Boursin, instituteur. La commune de Moon attendit la rentrée 1867 pour inscrire au budget une indemnité annuelle de 90 francs versée à l’instituteur.
L’école restait toujours contrôlée par l’Eglise. En août 1866, les instituteurs de Moon avaient été autorisés à acheter des livres pour les enfants pauvres, financés par la commune et complétés par une subvention de l’Etat, 25 livres paroissiens et 25 livres catéchisme. Le conseil de Moon arguait du motif suivant « que les élèves admis gratuitement aux écoles n’ont ni paroissiens, ni catéchismes, qu’un bon nombre de ces enfants sont en âge de faire leur première communion … ».
L’école devint un enjeu politique entre la République née en 1870, qui institua les lois Ferry en 1881-82, et l’Eglise monarchiste.
(Pour lire l’article en entier, voir rubrique XIXe siècle – Gilbert Lieurey)