Les tuileries à Moon-sur-Elle (1889-1974)
Histoire et témoignages
Au XVIIIe siècle, des ateliers de potiers s’étaient développés à Lison et dans sa région comme à Cartigny ou Moon-sur-Elle. La matière première, l’argile, ne manquait pas et la forêt de Neuilly à proximité fournissait le combustible.
Mais face à la modernisation de l‘ économie au XIXe siècle, faute d’une production de qualité, une vaisselle en terre de médiocre qualité, les ateliers disparurent au cours du XIXe siècle. Seul le centre de Noron dans le Calvados sut s’adapter, en se spécialisant dans la production de pots pour l’économie laitière.
Pourtant la matière première était là, la terre rouge. Les voies navigables et l’arrivée du chemin de fer à Lison en 1858 furent un autre atout. Une nouvelle activité autour de l‘argile put alors redémarrer sous la forme d’une production mécanique de tuiles et de briques, répondant à de nouveaux besoins : drainage des terres, briques, tuiles, faîtières (avec le développement de toits couverts en dur).
A travers les témoignages de Madame et Monsieur Maurice Féret, de Madame Marie Colas, de Monsieur Rémi Lerenard qui ont travaillé ou vécu aux Tuileries d’Airel-Moon, des moments de la vie de la tuilerie et de son village dans les années 1950-1960 ont pu être restitués.
Fiche: résumé de l’article
En 1889 s’ouvrait la tuilerie et briqueterie d’Airel, située en partie sur Moon-sur-Elle, avec le village des Tuileries. Les établissements Couvreux, qui regroupaient les 3 usines d’Airel, Lison et Saint-Fromond, devinrent la propriété de la société des Tuileries de Beauvais en 1921.
La tuilerie et briqueterie
A travers le témoignage de quelques anciens briquetiers, nous pouvons suivre les étapes de la fabrication, de l’extraction à la carrière à l’usine: le doseur, le cylindre, la galletière d’où sortent les pains de terre rouge, la presse qui fabrique tuiles, briques et faîtières, le séchage et les fours où la maîtrise de la cuisson était tout un métier.
Le village
La cité ouvrière, construite à côté de l’usine, présentait les caractères d’appartenance à une grande famille selon les témoins qui jugeaient l’ambiance de très sympathique. Au fond de cette cité, une ancienne maison de maître abritait le grand directeur, Mr Langlois. Quant aux conditions de travail, elles restaient dures : les cadences de travail à la presse, la chaleur pour les défourneurs, la boue pour les carriers et des salaires qui restaient faibles.
La fermeture
En 1974 l’usine fut fermée et détruite en 1976. Quant aux logements de la cité ils furent vendus. Ces années 1970 marquèrent la fin d’une histoire, les usines de Lison et de Saint-Fromond fermèrent également, et la fin aussi d’une cité et de son animation. Désormais une boucle pédestre avec le Parc des Marais vous permet de découvrir toute cette histoire.
Article
Tuileries et briqueteries
Mosselmann, industriel qui joua un rôle essentiel dans la construction du canal Vire-Taute et le développement économique de Carentan, créa en 1854 à Saint-Fromond, au Poribet, une briqueterie pour produire au début des tuyaux de drainage (500 000 en 1859). Administrée par la Compagnie Chaufournière de l’Ouest, elle fabriquait aussi des briques réfractaires et ordinaires, des tuiles. Elle cessa de fonctionner vers 1875 (1).
L’usine de Lison, située près de la gare de Lison et la voie de chemin de fer (en fait sur le territoire de Sainte-Marguerite d’Elle), fut construite vers 1880 sous le nom des Etablissements Couvreux puis de la S.A. des Tuileries. Elle employait 41 personnes en 1973 et produisait 30 tonnes de briques, tuiles et faîtières par an (2).
Les usines d’Airel, en limite de Moon (village des Tuileries), fut ouverte en 1889 et celle de Saint-Fromond en 1899 (1). Cette dernière fut détruite à la guerre en 1944, reconstruite puis détruite à nouveau par un incendie le 9 février 1961. Le travail y était plus mécanique qu’à Airel et Lison avec des cadences plus élevées et une production de moindre qualité selon Marie Colas. 173 personnes y travaillaient en 1973.
Ces 3 usines des Ets Couvreux devenues la propriété de la Société des Tuileries de Beauvais en 1921 furent fermées au milieu des années 1970 et rasées pour les plus anciennes, celles de Lison et d’Airel, en 1976. Quant aux locaux de Saint-Fromond, ils furent rachetés en 1981 par U.C.E., Usine Chimique Européenne. Comme le charbon, la sidérurgie et le textile, les tuileries, activités de la première révolution industrielle, ne résistèrent pas à la crise des années 1970.
Les étapes de la fabrication
Le doseur
Il reçoit la terre et assure la préparation de la terre. Il existe différentes terres : rouge surtout, grise, blanche … il faut assurer un mélange homogène entre ces terres triées car il permet au cuiseur de disposer d’une matière première ayant toujours les mêmes propriétés (rétraction d’1 cm à la cuisson). Lorsqu’on dispose d’une seule couleur (ce fut le cas lors de l’exploitation de la carrière avec une pelle mécanique), le cuiseur doit être informé car la rétraction peut être différente selon les terres. Dans cette préparation de la terre, des « casseaux » (déchets de briques cuites) sont ajoutés.
Le cylindre
La terre est transportée par tapis vers les cylindres qui écrasent la terre, si des cailloux sont présents, ils sont à retirer.
La galletière
Achemine par tapis à la galletière, la terre en ressort sous la forme de pains ou galettes pour faîtières et tuiles d’une part, et d’autre part la filière pour les briques creuses (la 15 x 20 – 9 trous, 6 trous, les petites 3 trous dîtes plâtrières pour les cloisons internes). Le coupeur coupe les pains d’une longueur d’environ 40 cm, qui sont transportés par brouettes vers les presses. Pour les galettes, 50 sont chargées par brouette.
La presse
3 personnes travaillent par presse
- La graisseuse éponge le pain ou la galette puis l’huile (graisser) pour éviter que cela colle.
- Le presseur presse 3 fois dans le moule (faîtières, tuiles). Un bon presseur doit faire 3600 à 3800 tuiles par jour (8 heures). Il existait 3 presses dans l’usine.
- L’ébarbeuse supprime les aspérités des tuiles et faîtières sorties du moule avec son couteau à ébarber (fil d’acier tendu) et pique un trou avec la pointe du couteau.
Marie Colas embauchée en octobre 1948 fut embauchée comme travailleuse à toutes tâches puis occupa le poste d’ébarbeuse. Au début le salaire était faible et le paiement se faisait à la tête du client selon Marie Colas.
Vers la fin des années 1960, l’entreprise s’est modernisée avec des presses mécaniques qui ne nécessitaient plus que 2 personnes et qui atteignaient un rendement de l’ordre de 4 200 à 4 400 tuiles par jour.
Le potier
Un potier fait les boisseaux, les mites et les lanternes (hauts de cheminée). Le dernier fut Mr Bihel dit « tû », venu de Noron-la-Poterie. Il habitait à la Cité Brûlée (5 logements après le carrefour de la Croix sous l’Ange).
Le séchage
Il se fait en haut de l’usine, au-dessus des fours. Par le monte-charge (briques) et les brouettes, les tuiles et les faîtières sont montées et entassées par piles ou casiers, disposés en croisillons pour le séchage. Si le séchage devait être accéléré, des personnes les relevaient pour les rapprocher du four.
Le four
Les fours sont en bas, à voûte ronde, dans lesquels les enfourneurs (2) entassent tuiles, briques, faîtières, mites et lanternes de cheminée (5 heures). On bouche le tirage avec un papier kraft par four, on ferme avec des casseaux et on enduit le tout avec de l’argile. Une nouvelle tranche est entassée, puis ainsi de suite. Les fours en longueur forment un grand tunnel en cercle (le musée de la brique à Saint-Martin d’Aubigny en présente).
La cuisson
Le feu est fait au-dessus. Le charbon, stocké dans une soute, est transporté par brouette à l’avance, à la disposition des cuiseurs qui mettent le charbon par les bouchons. Avant 1920, le combustible utilisé était des fagots et du bois payés en nature aux paysans. Les cuiseurs faisaient 12 heures de jour (2 ouvriers), l’autre équipe (2 ouvriers) 12 heures de nuit, le dimanche 18 heures pour permettre d’alterner les équipes entre le jour et la nuit. Une semaine de cuisson est nécessaire. Lorsque la cuisson est faite (6 à 7 cm apparaissent en haut car cela se tasse), on coupe le papier kraft avec une chaînette pour qu’une nouvelle tranche cuise. Le feu ainsi surveillé, tourne.
Les défourneurs
Ils sont 2. Ils prennent les briques, les tuiles … cuites et les transportent dehors par brouettes (brouettes avec dossier et roues en fer, plus tard en caoutchouc). Les enfourneurs et défourneurs sont en sabots. C’est un travail dur, car souvent en entrant dans le four la chaleur est encore importante, des gants sont nécessaires pour saisir les pièces.
Le trieur
Il voit au son, en les cognant l’une contre l’autre, si les pièces sont bonnes. Les briques écornées sont mises de côté, classées en deuxième choix. Des briques … peuvent être calcinées si la cuisson est mal conduite. Les briques, les tuiles sont entassées dans les cours.
L’énergie
L’usine est installée sur un bief de l’Elle, à la place des anciens moulins. Une machine à vapeur qui avait servi à taper la monnaie jusqu’en 1904 fut rachetée. Une deuxième cheminée fut construite. A partir de cette machine, plusieurs courroies transmettaient la force. Une turbine fut installée sur le bief et put fournir la lumière.
Dans la cité des Tuileries, chaque logement avait le droit seulement à 2 lampes d’éclairage. La direction ne souhaitait aucun gaspillage. Le transformateur électrique, encore visible de la route D 8, fut installé dans le début des années 1950.
Une bonne partie se fait par la gare d’Airel. Des balles de paille sont employées pour emballer.
Les carrières
La première carrière, située derrière la cité des Tuileries, fut utilisée avant la guerre. Elle était déjà fermée en 1950. La terre était de mauvaise qualité. Le transport se faisait par un « petit train » tiré par les chevaux. La voie passait sous le chemin des Tuileries par un pont, traversait la cité, les chevaux guerre. C’étaient des champs de pommiers. Les « carrioux » travaillaient à la pioche et à la pelle (Mrs Boisard, Hervo, Alexis Bignon). Les différentes couleurs de terre (rouge, grise, blanche …) étaient triées, pour être mélangées au besoin à l’usine, afin d’être homogénéisées. La rétraction moyenne à la cuisson était d’1 cm.
La terre était transportée pardes banneaux (3) tirés pardes chevaux jusqu’à l’usine d’Airel. Mr Marcel Lerenard conduisait les chevaux, pas besoin d’attacher ledeuxième cheval, il suivait et comprenait toutes les manœuvres. Un travail difficile car les les vêtements et les chaussures ou bottes étaient couverts de boue, une vraie croûte d’argile. Le travail des « carrioux » se faisait également par temps de pluie. Une réserve de terre abritée existait près de l ‘usine. En cas de besoin, un signal sonore résonnait afin que les carrioux appelés apportent de la terre. Ensuite le travail fut mécanisé avec une pelle mécanique. Les salaires étaient bas, les salaires et les congés ont quasiment doublé en 1968. Le creusement du front de taille de la carrière dite d’Airel, devenu trop proche de la route D 8, nécessita la pose de poutrelles de fer pour consolider la base de la route et éviter l’effondrement. A l’entrée une cabane s’élevait et un puit existait.
Mr Hervo «carrioux» trouva en 1960 des vertèbres de poisson. La découverte fut confirmée par un géologue Mr Pareyn qui contasta qu’elles étaient les restes de fossiles du début de l’ère secondaire, le trias, poissons et restes incomplets d’un dinosaure (3). La carrière connut alors une renommée scientifique internationale. En 1970, le professeur Kühne, venu de Berlin, trouva quelques ossements d’un reptile mammalien (therapsides)
La carrière fut fermée dans les années 1970, pour devenir la décharge communale de Moon jusqu’en 1990 . A la fin des années 1990 devenue un étang boisé, une partie de la carrière fut aménagée en un espace de détente, point de départ d’un sentier de découverte de la vallée de l’Elle.
La troisième carrière située à Moon, lieu Carrière dite d’Airel (sur Moon) -dit La Fotelaie, servit un peu pour l’usine d’Airel mais sa terre aujourd’hui un étang boisé aménagé était essentiellement destinée à l’usine de Lison (elle avait exploité une première carrière sur Lison, chemin Sainte-Anne). L’exploitation était mécanisée avec une pelleteuse et la terre, transportée par des wagonnets, était déversée dans un camion. C’était une terre légèrement différente, d’une seule couleur.
La cité des Tuileries
La partie haute du village, bâtiments construits en pierre et en terre, relevait du village dit La Maison de Creuilly qui datait d’avant les tuileries. Mr Ernest Gilles, maire de Moon entre 1937 et 1965, propriétaire cultivateur au Mont-Sauvage, est né dans ce village en 1888 (maison n° 4). Il possédait les écuries qu’il vendit à la Société des Tuileries de Beauvais en 1937 pour devenir des logements de familles ouvrières.
Les logements à l’entrée du village et l’usine relèvent d’une architecture contemporaine de l‘usine avec des matériaux de l’usine : tuiles, briques. Cette architecture à ce titre mérite d’être conservée. En été
1944, le 26 juillet, deux maisons d’ouvriers furent détruites par des bombes américaines. Madame
Lambert, âgée de 45 ans, la femme du directeur de l’usine d’Airel, fut tuée alors qu’elle était à la descente du lavoir sur le bief
Maison à l’entrée du village des Tuileries, près de l’ancien bureau d’entrée (n°10)
Autres bâtiments dans la commune de Moon avec appareillage en briques ou couvertures en tuiles.
Cité Letassey, rue de la Gare à Moon, avec l’utilisation de la brique et de la tuile
Le village des Tuileries dans les années 1950/60 (appelé aussi la Briqueterie)
1) la maison de maître : logement du grand directeur des 4 usines, Mr Langlois (usines de Lison, Moon- Airel, Saint-Fromond et Argences) avant la guerre. Après la guerre transformée en 5 à 6 logements pour les ouvriers, le grand directeur résidant désormais à Saint-Fromond.
2) la maison du directeur de l’usine d’Airel-Moon, Mr Lambert dont la femme fut tuée près du lavoir par un bombardement américain en juillet 1944.
3) la maison du gardien
4) la maison du chef de fabrication, Mr Dollée jusque dans les années 1960
5) logements de familles d’ouvriers (anciennes écuries de Mr Gilles avant 1937, stalles des juments de concours, pavées de galets ronds) : familles Feret, Colas, Lerenard, Geffroy,Queguiner, Aubert, Hervo.
6) logements des célibataires (6 logements) et locaux (dont une laverie buanderie)
7) WC
8) lavoirs
9) poubelles (rats, couleuvres, vipères)
10) bureau d’entrée de l’usine avant la guerre, devenu après-guerre maison d’habitation (familles
Piquenard, Talvast, Lebéhot)
11) cantine
12) l’usine (grande cheminée pour les fours réparée en 1957 car elle penchait puis diminuée, une seconde cheminée ajoutée pour la machine à vapeur, les séchoirs 12a, l’atelier de mécanique et de menuiserie 12b)
13) le bief (une turbine sur le bief, vannes pour le niveau d’eau, transmet la force par des courroies pour
l’énergie, la lumière et le séchage des productions, remplacée par le transformateur en 1955)
14) l’écurie de l’usine (2 chevaux pour le transport de l’argile de la carrière à l’usine)
15) autres logements (dont 2 détruits en juillet 1944 par un bombardement américain 15a)
Village des Tuileries : logements ouvriers – logement du directeur – la maison de maître de Creuilly
(2022)
La vie de cette cité traduisait dans les années 1950/60 la société de cette usine d’Airel, une ambiance jugée sympathique car tous étaient de l’usine et appartenaient à une grande famille. Les femmes se retrouvaient « aux coins » des maisons, hors de la maison, pour discuter. Les hommes bavardaient aux coins des bâtiments (garages, jardins), voire entraient dans la maison pour boire un coup, lors d‘un anniversaire. Le matin les femmes se rendaient aux WC pour vider le pot. Elles se retrouvaient aux lavoirs sur le bord du bief, un linge lavé dès le matin car après 16 heures l’eau était trop basse. En effet les vannes étaient ouvertes pour la turbine électrique.
Toute une animation régnait, jusqu’à cinq boulangers passaient dans la cité. Une trentaine d’enfants habitaient la cité dans les années 60 : famille Féret, Geffroy, Lerenard, Queguiner, Aubert, Piquenard, Hervo … Ils se rendaient à l’école d’Airel en empruntant le chemin du Haut Pays. Ils faisaient leur communion en l’église d’Airel. L’une des premières télévisions fut achetée par Mr et Mme Féret, jusqu’à 25 enfants de la cité s’y retrouvaient le jeudi, attendant le feuilleton Rintintin, sans oublier le gâteau maison.
Monsieur Langlois, le grand directeur avant la guerre, logeait à la Maison de Creuilly, dit le château de Creuilly, son fils André prit la succession après la guerre. Il acheta plusieurs terres notamment le moulin Hébert vers 1936. Il y fait restaurer la roue afin de faire actionner une centrale électrique et faisait valoir les terres. Mme Queguiner, la mère de Roger, était la gérante de la ferme, produisant notamment du beurre.
La maison de Creuilly était construite avant la création de l’usine, en pierres de schiste. Elle fut achetée à la famille Gilles propriétaire et cultivateur, influente à Moon, par les Tuileries de Beauvais pour y loger le directeur des 4 usines normandes. Cette construction se distinguait du reste du village.
La fermeture des tuileries
En 1974 l’usine fut fermée, Mr Villemer promoteur acheta l’ensemble aux Tuileries de Beauvais. Les logements furent vendus. Les ouvriers durent acheter les logements ou quitter la cité.
Quant à l’usine, elle fut abattue en 1976. Pour abattre les cheminées, une saignée était pratiquée comme pour un linteau afin d’y loger une traverse en rail. Un trou était creusé à la base, puis un feu allumé. La traverse sous l’effet de la chaleur commençait à plier, provoquant ainsi l’effondrement de la cheminée selon le témoignage de Mr Alexandre Lecanu, ancien adjoint à la commune de Moon-sur-
Elle.
Le sentier découverte
Au printemps 2003 avec le Parc des Marais et Benoit Canu chargé de mission, j’ai pu avec la commune de Moon élaborer un parcours découverte retraçant à travers des panneaux les anciennes activités de la vallée de l’Elle : tuileries et moulins. La commune a trouvé un appui financier auprès de la Communauté de l’Elle, le Parc des Marais et le Conseil Général pour réaliser la boucle pédestre.
Le dimanche 25 avril 2004, avec le Parc des Marais, une balade commentée inaugura cette boucle par la découverte des stations du sentier. Le vendredi précédent, une conférence fut animée par Philippe Bernouis du service patrimoine du Conseil Général du Calvados, sur le thème des tuileries et briqueteries des marais du Cotentin et du Bessin.
Les carrelages Fauvel
Ils n’ont aucun lien avec l’histoire industrielle des tuileries. Créés en 1957 par Monsieur Jean Fauvel, les Carrelages reprennent la tradition potière de Lison, Moon. Mr Fauvel avait repris l’atelier, un baraquement à l’époque situé à la Croix sous l’Ange, à Monsieur Camille Langlois, dernier potier de Moon avec un tour potier à pied. Il fabriquait des moques de cidre, des bouteilles à cidre en grès vernissées, des pots avec feuilles ou fleurs, des faîtières grésées, des nains, des animaux comme des pigeons, des ânes à cageots, des éléphants. 5 à 6 femmes travaillaient à l’atelier.
Mr Langlois habitait dans la maison en face du baraquement, à la Croix sous l’Ange. Il était le dernier héritier de cette tradition potière à Moon où l’on comptabilisait encore en 1848 16 fabriques (4 ). En 1850 la poterie en terre de Mr François Marie, fondée en 1850, a vu 20 de ses échantillons distingués à l’exposition de l’industrie des arts et de l’horticulture du développement de la Manche en 1852 et jugés dignes d’intérêt (5).
Les Carrelages Fauvel produisait des carreaux et des faîtières de grande qualité à partir de la terre de Moon-sur-Elle, très pure, située dans une carrière derrière l’usine. Ce savoir-faire fut reconnu par des commandes pour des restaurations historiques comme pour le Grand Trianon du château de Versailles en 1963, le Mont-Saint-Michel, le château de Caen ou le Palais de Fontainebleau. Ces commandes contribuèrent à la renommée de l’entreprise de Mr Fauvel Au début des années 2000, l’entreprise employait une douzaine de personnes. La cuisson sous cloche se faisait à 1100° pendant 20 à 21 heures et nécessitait une tonne de gaz, la cuisson et émail cru à 980° pendant dix heures. L’émail cuit et la sérigraphie demandaient une cuisson au four électrique à une température de 820°.
Sources :
- – Revue de la Manche octobre 1983
- – Lison gare, village écartelé, mémoire de Rémi Pézeril, 1973.
- – sur le trias supérieur du Bassin de Carentan de Claude Pareyn et Claude Larsonneur (1960), C.R. Acad. Sciences, tome 250, pages 2397-2399
- – Statistiques générales de l’industrie de 1848
- – N.M.D. 1851-57, page 39
- – Notre vie, notre jardin, la Sainte-Croix, blog, 8 septembre 2012, Internet.
- – Témoignages d’anciens employés des tuileries ou anciens habitants du village des Tuileries, Mr et Mme Maurice Féret, Mme Marie Colas, Mr Rémi Lerenard fils de Mr Marcel Lerenard charretier à la carrière, et de Mr Alexandre Lecanu ancien adjoint de Moon, recueillis en 2001-02 par Gilbert Lieurey.
- – photos de Gilbert Lieurey, photos anciennes prêtées par Mr et Mme Maurice Féret, dessins de Marie Lieurey (ML), dessins du Parc des Marais.